Considérons le cas où à un instant t l'état perceptif de l'esprit X est le même pour tous les univers de l'ensemble E, mais à un instant t' ultérieur, il n'est plus le même. On peut alors effectuer une partition de E en E1, E2, E3... En tels que dans chaque Ei l'état de l'esprit X soit le même pour tous les univers de Ei. On peut se représenter visuellement cette situation par un faisceau de fils représentant E, qui se ramifierait en plusieurs faisceaux représentant E1, E2, ... , En; chaque fil représentant un univers, c'est-à-dire une théorie mathématique infinie.
Cette théorie rejoint à la fois celle des mondes multiples avec ramification et celle selon laquelle l'indéterminisme en physique quantique est dû au fait que cette théorie n'est qu'une approximation, et qu'il existe un niveau sous-jacent dans lequel l'indétermination est levée. Mais même si on formulait une théorie finie plus précise, une indétermination pourra toujours subsister dans cette théorie, cette indétermination pouvant être en partie levée par une théorie plus précise, et ainsi de suite à l'infini.
L'esprit X aura l'impression que à l'instant t, il y a n potentialités d'évolution, et à l'instant t', dans chaque "branche" Ei, l'esprit Xi correspondant aura l'impression qu'un choix a été fait, que seule la potentialité i a été retenue, à l'exclusion des n-1 autres, car pour lui les n-1 autres branches sont devenues totalement inaccessibles. Mais en fait, aucun choix n'a véritablement été fait, car dans une autre branche Ei l'esprit Xj aura eu l'impression que c'est la potentialité j qui s'est réalisée. Donc, dans l'absolu il n'y a pas véritablement de choix, toutes les potentialités étant réalisées "en parallèle", mais dans chaquez branche l'esprit a l'impression que la potentialité corespondante a été choisie. Suivant le cas, ce choix lui apparaitra soit comme une perception sensorielle, soit comme une action résultant de l'exercice du libre arbitre.
A un niveau de précision donné, on peut représenter un être vivant par une structure incluant des "unités spirituelles" considérées à ce niveau d'approximation comme "sans lois" car on ne rentre pas dans le détail de leur structure interne; on les considère comme des entités spirituelles dotées de conscience, de perceptions et de libre arbitre. Suivant le niveau d'approximation, ces unités spirituelles pourront être l'individu tout entier, le cerveau, le neurone, la molécule, l'atome, la particule... Par exemple, si on s'arrête au niveau de l'undividu' les battements de coeur sont considérés comme libre arbitre, mais au niveau des neurones ils apparaissent comme perception.
Mais d'autre part, en ce qui concerne notre perception du monde, qui seule nous concerne directement, nous ne sommes concernés que par notre univers, ou le faisceau d'univers restant "lié" à lui. Lors d'une bifurcation, tout se passe comme si nous choisissions l'une des branches. D'autre part, quel que soit le niveau de précision (d'approximation) considéré, il restera toujours une part d'indétermination, d'inconnu. Donc le point de vue du libre arbitre est également justifié.
On peut dire plus précisément que l'exercice du libre arbitre par un être vivant consiste à choisir un sous-ensemble de théories mathématiques infinies, ou d'univers, parmi l'ensemble des théories compatibles, l'instant considéré, avec l'état de l'esprit de cet être vivant. On peut également considérer le libre arbitre comme l'observation par l'esprit de son propre choix.