Réflexions métaphysiques - Nature de l'esprit

Les régularités que nous percevons nous conduisent à concevoir un modèle mathématique du monde. Quelle peut être la place de l'esprit dans un tel modèle?

Examinons le problème de la nature de l'esprit à la lumière du modèle élaboré par la science de notre civilisation. Elle nous apprend que le cerveau est le siège de l'esprit.

... le tout étant régi par les lois de la physique. On pourrait donc avoir l'impression à priori que tout cela est une machine constituée d'un assemblage de constituants et dont le fonctionnement est régi par des lois bien précises. Dans une telle conception, il n'y aurait pas de place pour l'esprit.

Mais il ne faut pas oublier que les théories physiques ne sont que des modèles approximatifs. Les particules élémentaires sont en fait constituées de quarks, les quarks de préons... Chaque fois que les physiciens ont cru découvrir la réalité ultime de la matière (atomes, particules élémentaires) ils ont par la suite découvert que ces particules étaient en fait composées d'autres particules plus petites. On peut donc envisager la possibilité que cet emboitement se poursuive à l'infini. L'univers serait donc dans cette hypothèse infini dans la direction de l'infiniment petit.

Dans cette hypothèse, toute théorie physique en tant que modèle mathématique fini de l'univers ne modéliserait qu'approximativement le comportement de l'univers, car elle s'arrêterait nécessairement à un certain niveau de petitesse et ignorerait toute la réalité inférieure (ou intérieure) à ce niveau.

C'est peut-être pour cette raison que lorsqu'on descend à un niveau suffisamment petit dans les profondeurs de la matière, elle cesse de se comporter comme nous en avons l'habitude à notre échelle. A ce niveau les lois de la physique quantique ne sont plus déterministes mais probabilistes.

On pourrait donc produire une suite de théories tendant asymptotiquement vers la connaissance totale des lois de l'univers mais sans jamais l'atteindre. Cela impliquerait donc que :

De même on pourrait concevoir des machines qui simulent le comportement d'un être humain mais de telles machines ne pourraient réaliser qu'une approximation du comportement réel car elles devront nécessairement s'arrêter à un certain niveau de constituants matériels. Pour bien simuler le fonctionnement du cerveau il faudrait le considérer en tant que réseau de neurones et simuler le fonctionnement des neurones. On connait des modèles mathématiques mais ils ne sont qu'approximatifs. Pour simuler avec précision le fonctionnement des neurones, il faudrait les considérer en tant qu'assemblages de molécules et simuler les molécules, et ainsi de suite à l'infini. Or il se trouve justement que le cerveau fonctionne comme un fantastique amplificateur. Chaque neurone reçoit des impulsions provenant de plusieurs milliers d'autres neurones, totalise les impulsions et si elles dépassent un certain seuil, renvoie une impulsion à d'autres neurones, Ainsi, si on se trouve très près du seuil, une très petite variation peut décider du fait que le neurone soit excité ou pas, et le cerveau en comporte plusieurs milliards. La probabilité pour qu'un au moins des neurones soit proche du seuil est élevée. Et l'excitation ou la non-excitation d'un neurone peut se répercuter au reste du cerveau. En conséquence le comportement de quelques particules élémentaires pourrait avoir une influence sur le comportement de l'individu.

Ainsi on peut par exemple s'approcher du cerveau par une machine qui en réalise une approximation en s'arrêtant à un niveau de constituants matériels donné mais probablement sans jamais pouvoir l'identifier complètement à une machine au sens fini, c'est à dire un assemblage fini de pièces dont le fonctionnement est régi par un nombre fini de règles déterministes, car la décomposition en constituants étant infinie, nous ne serions pas un assemblage fini de pièces, et la suite de théories physiques tendant asymptotiquement vers une description exacte de notre fonctionnement étant infinie, celui-ci n'est pas régi par un ensemble fini de règles.

Notre sensation de libre arbitre pourrait donc provenir de cette imbrication infinie de niveaux, autrement dit du fait que nous soyons infinis dans le sens de l'infiniment petit.

En ce qui concerne la prédétermination, peut-on considérer que "tout est écrit comme dans un livre" ? Il faudrait que ce livre soit infini mais pourrait-on encore l'appeler un livre ?