Je comprends ceux qui veulent interdire le port du foulard islamique au lycée,
mais je ne les approuve pas.

Je les comprends car je suis conscient du fait qu'il s'agit d'une réaction naturelle dictée par les règles qui déterminent l'évolution de la vie, consistant en une hiérarchie de niveaux d'organisation, le groupement d'éléments de chaque niveau donnant un élément du niveau supérieur : ...? -> quarks -> particules -> atomes -? molécules -> cellules -> individus -> sociétés -> ...? .
Lorsque les cellules s'assemblent en organismes pluricellulaires, elles établissent une séparation entre celles qui font partie de l'organisme et les autres. il est nécessaire qu'elles disposent d'un moyen de se reconnaitre entre elles et d'identifier les intruses, qui peuvent être soit intégrées à l'organisme par la digestion, soit éliminées. Le corps dispose pour cela d'un mécanisme de défense immunitaire.
De la même manière, les individus d'une société se reconnaissent par le fait qu'ils respectent la norme de cette société. Les réactions de rejet de ceux qui ne la respectent pas sont des réactions de défense immunitaire de la société. Le fait de vouloir intégrer les personnes issues d'autres sociétés est comparable à la digestion.

Mais je n'approuve pas ces réactions, car je pense qu'il est temps maintenant de passer au niveau d'organisation suivant celui de la société, une "méta-société" regroupant des ethnies, des cultures et des religions différentes, dans le respect de ces différences qui, si elles sont pleinement acceptées, ne constituent pas une source de problèmes mais au contraire une richesse. Je pense que la solution n'est pas l'intégration-uniformisation mais une société pluriethnique, pluriculturelle et plurireligieuse.
Le fait d'imposer une norme dans les lycées revient à enseigner aux élèves qu'il est mal d'être différent : c'est une école de l'intolérance et du racisme, qui fabrique des futurs racistes. Si au contraire on laissait aux élèves la liberté de porter les signes extérieurs qui découlent de la pratique d'une religion, de l'appartenance à une culture ou simplement d'un choix personnel, on apprendrait aux élèves le respect des différences.

Le foulard islamique n'est pas un signe religieux au sens strict, comme la croix ou l'étoile de David. C'est un signe extérieur imposé par la pratique d'une religion, dont on peut comprendre les raisons, sans être obligé de les approuver.
Cette obligation se situe dans le cadre des règles concernant la sexualité existant dans la plupart des religions, que l'on peut justifier par des considérations d'efficacité biologique qui font qu'il est préférable de former des couples stables pour éviter la propagation des maladies. C'est pourquoi les religions imposent de cacher certaines parties du corps, qui varient d'une religion à l'autre, afin d'éviter d'exposer autrui à la tentation d'un acte qui présenterait un risque à la fois pour l'individu et pour l'espèce.
On peut opposer à ces règles un certain nombre d'arguments :