LES MONDES MULTIPLES

La théorie des mondes multiples est une interprétation de la physique quantique développée par le physicien Hugh Everett pour résoudre certains problèmes conceptuels posés par cette théorie.

LE CHAT DE SCHRÖDINGER

Erwin Schrödinger a imaginé une expérience de pensée dans laquelle un chat est enfermé dans une boîte avec un dispositif qui tue l'animal dès qu'il détecte la désintégration d'un atome d'un corps radioactif ; par exemple : un détecteur de radioactivité type Geiger, relié à un interrupteur provoquant la chute d'un marteau qui brise une fiole libérant un gaz mortel.
Si les probabilités indiquent qu'une désintégration a une chance sur deux d'avoir eu lieu au bout d'une minute, la mécanique quantique indique que, tant que l'observation n'est pas faite, l'atome est simultanément dans deux états (intact/désintégré). Or le mécanisme imaginé par Erwin Schrödinger lie l'état du chat (mort ou vivant) à l'état des particules radioactives, de sorte que le chat serait simultanément dans deux états (l'état mort et l'état vivant), jusqu'à ce que l'ouverture de la boîte (l'observation) déclenche le choix entre les deux états.

EXPERIENCE DES FENTES D'YOUNG

L'expérience consiste à éclairer par une source lumineuse un écran percé de deux fentes très fines et très rapprochées. Une plaque photographique placée derrière l'écran enregistre la lumière issue des deux fentes. On observe sur la plaque photographique ce que l'on appelle une figure d'interférence qui est caractéristique d'un comportement ondulatoire de la lumière. Il est possible de diminuer l'intensité lumineuse de la source primaire de manière à ce que la lumière soit émise photon par photon. Le comportement de la lumière devient alors inexplicable sans faire appel à la dualité onde-corpuscule.
En mécanique quantique, la dualité onde-particule est expliquée comme ceci : tout système quantique, par exemple toute particule, est décrit par une fonction d'onde qui représente la densité de probabilité de toute variable mesurable (ou observable) telle que la position de la particule.
Donc, avant qu'une observation soit faite, la position de la particule est décrite en termes d'ondes de probabilité.

INTERPRETATIONS

CONSEQUENCES DES MONDES MULTIPLES

On a découvert des phénomènes quantiques dans les microtubules des neurones, qui, selon le physicien Roger Penrose, pourraient être amplifiés à un niveau macroscopique. Cela pourrait vouloir dire que, chaque fois que nous avons l'impression d'avoir un choix à faire, soit c'est une illusion et nous sommes en fait déterminés par les lois de la physique à faire un certain choix, soit il y a une réelle indétermination due au non déterminisme de la physique quantique intervenant au niveau des microtubules des neurones, et dans la théorie des mondes multiples cette indétermination se traduira par la création d'autant de mondes qu'il y a de choix possibles.

CONSEQUENCES ETHIQUES

Dans ce cas, la notion de choix n'a pas de sens. L'éthique perd-elle alors tout sens ?
Il faut faire la différence entre une question qu'on se pose dans un but de connaissance pure et une question qu'on se pose dans un but concret de détermination de l'action optimale par rapport à la réponse à cette question, par exemple quand on se demande "Est-ce qu'il va pleuvoir aujourd'hui ?" si la réponse est "oui" l'action optimale est de prendre un parapluie, si la réponse est "non" l'action optimale est de ne pas en prendre.
Qu'en est-il de la question "Ai-je réellement le choix ?" ?
Les questions qui se posent sont alors :

Il est clair que la deuxième question n'a pas de sens puisque si je n'ai pas réellement le choix, la question "Qu'est-ce que je dois faire ?" ne se pose pas.
Donc, même si d'un point de vue théorique on peut être amené à penser que la notion de choix est probablement une illusion, d'un point de vue concret la seule attitude sensée est de supposer que nous effectuons réellement des choix.

ONDES MULTIPLES ET MULTIVERS

Selon certains physiciens comme John Archibald Wheeler ou Rupert Sheldrake, les lois de la physique pourraient être des "habitudes de la nature". Cette théorie associée à celle des mondes multiples débouche sur l'idée qu'il pourrait y avoir une multitude d'univers avec des lois physiques différentes. Cette idée fournit une explication possible pour le principe anthropique. Il suffirait que les constantes physiques soient très légèrement différentes pour que des structures complexes ne puissent pas apparaitre et donc que l'homme ne puisse pas exister. Selon la théorie des multivers, il y aurait une multitude d'univers et nous serions dans l'un des rares univers dans lesquels des êtres évolués peuvent exister.

REALITE ET SIMPLICITE

Les mondes multiples sont-ils une réalité ou une vue de l'esprit ?
Les autres mondes, s'ils existent, sont totalement séparés du nôtre, et le fait qu'ils existent ou pas ne change rien à notre perception. On a donc deux représentations du monde qui sont toutes les deux compatibles avec nos perceptions. On peut faire une analogie avec les représentations héliocentriques et géocentriques du système solaire, qui sont également toutes les deux compatibles avec ce que nous percevons. Cependant, on a généralement tendance à considérer la représentation héliocentrique comme plus vraie parce qu'on associe inconsciemment la notion de vérité à celle de simplicité, la représentation héliocentrique étant beaucoup plus simple que la représentation géocentrique. Si on reconnait ce principe de simplicité de la réalité, il serait logique de considérer la théorie des mondes multiples comme vraie car elle permet à la fois de se passer de la notion de réduction de la fonction d'onde, et même de se passer des lois de la physique en les remplaçant par le principe beaucoup plus simple "à tout modèle mathématique d'univers possible est associé un univers", principe développé notamment dans la "Theory of Everything" de Max Tegmark et dans la théorie du déployeur universel de Bruno Marchal.

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