Café philo du samedi 30 novembre 2002 au Voltigeur à Paris
Discussion sur un extrait de Vocabulaire de philosophie d'André Lalande, p. IX et X, proposé par Christian C.
Animé par Georges
Le texte
De "Le Vocabulaire de la Société française de Philosophie est un curieux exemple de ce qu'on a nommé l'hétérogénéité des fins." à "Il est si tentant de garder aux mots, avec ténacité, le sens qu'on leur a d'abord attribué par quelque méprise accidentelle, ou même qu'on s'est plu à leur conférer d'autorité, sous prétexte qu'"on est bien libre d'adopter les définitions que l'on veut !""
Extraits du débat
- Christian : Certains philosophes utilisent les mots dans un sens détourné, par exemple Hegel qui dit que la vérité de la fleur c'est le fruit. Pour le positivisme logique tous les problèmes sont des questions de mots.
- Michèle : Quels problèmes cachent les mots ?
- Marie-Thérèse : Il faudrait employer moins de mots, et des mots plus clairs.
- Jacques : Le problème du vocabulaire de la philosophie c'est que les philosophes utilisent des mots qui ont été créés pour la communication quotidienne, concrète. Ces mots ont un sens précis dans ce domaine, mais dans un contexte philosophique ce n'est plus aussi évident. Une question apparemment philosophique peut n'être qu'une question de définition des mots. On peut alors y répondre arbitrairement, et la réponse détermine le sens des mots qui constituent cette question. Mais le fait de choisir une réponse, c'est-à-dire un sens des mots, n'est pas arbitraire, car seuls les concepts les plus fondamentaux méritent d'être désignés par un mot unique et non une périphrase. Pour répondre à la question "Quel problème cachent les mots", c'est "Quels sont les concepts les plus fondamentaux ?"
- Pascal : Si nous sommes d'accord sur les mots, c'est la fin de la philosophie. Il n'y a pas de problème philosophique mais des questions philosophiques. Les problèmes sont politiques. La réalité dans laquelle nous vivons, nous la fabriquons, mis à part le réel scientifique, la nature. La réalité politique est la fabrication de l'homme. Se mettre d'accord sur les mots, c'est un moyen d'éluder les questions philosophiques.
- Ionika : L'homme juste ne peut se faire qu'à travers un langage juste. Quand on dit chacun sa vérité on peut faire tout le désordre possible.
La philosophie se rapproche plus de la science que de la poésie.
- Selon Voltaire ,quand on lit un texte, la moitié vient du texte, l'autre moitié du lecteur.
- Christian : Pascal est celui qui prend le plus de liberté sur le sens des mots. Je ne veux pas apprendre à parler pascalien. Est-ce à moi d'apprendre le pascalien, ou à Pascal d'apprendre à parler français ? (...)
On estime à tort qu'accepter la définition des mots implique d'accepter l'idée.
- Jacques : Accepter la définition n'implique pas d'accepter la vérité, mais accepter l'idée que le concept associé à la définition est suffisemment fondamental pour être désigné par un mot. On répond à cette question par rapport à des critères subjectifs. C'est pour ça qu'on n'est pas d'accord.
[ Il y a 3 questions emboîtées. La question philosophique initiale, apperemment une question objective concernant la vérité, cache en fait une question de vocabulaire, qui cache elle-même une autre question philosophique, subjective celle-ci, celle de déterminer quels sont les concepts les plus fondamentaux. ]
- Michèle : Il y a une différence entrez intellectuel et intelligence. Intellectuel, c'est lié au cerveau. L'intelligence permet de comprendre tout.
- Tani : Le bonheur, est-ce que c'est un concept matériel ? Pour Socrate non, c'est un concept platonicien.
- Pascal : Se mettre d'accord sur les mots est insuffisant. N'importe quel concept n'est pas pertinent. Il y a une différence entre signification de la vie et valeur, but de la vie. Pour atteindre la signification de la vie il faut vivre.
- Martine : Le processus de la vie est un processus d'expérimentation. On coupe les cheveux en quatre. Nous sommes tous uniques. Il est normal que sous le même mot on mette des choses différentes, c'est la richesse de la communication. La bible commence par "Au commencement était la parole". Logos c'est la parole et la pensée. Qu'est-ce qui est le plus important ? Le mot ou ce qu'on veut dire ?
- Georges : On est prisonnier de sa langue.
- Martine : Les grands concepts sont les mêmes depuis des millénaires.
- Michème : Au commencement était le verbe. Ca vient d'où la pensée ? Le cerveau, les émotions.
- Janine : Qu'est-ce qui vient d'abord ? Les concepts ou les mots ?
(...)
- Pascal : En philosophie il faut comprendre d'abord et éventuellement définir après. L'écoute est essentielle. Un philosophe doit définir les mots tels qu'il les emploie, même si sa définition est différente de celle du dictionnaire, on n'en a rien à faire.
- Georges : Définir d'abord, c'est une attitude dictatoriale.