Café philo du jeudi 17 janvier 2002 à Génération Solidarité à Nice
Sujet : Victimes et responsables
Animé par Eve Depardieu
Résumé du débat
- On a tendance à se positionner en tant que victime.
Il est important d'être en adéquation entre ce qu'on dit et ce qu'on fait. Quelqu'un qui se plaint et ne fait rien pour améliorer le monde est discrédité.
- François : Je pense que c'est une excellente question, de notre époque. Lisez Glucksmann "Dostoïevsky à New York", et "Les juifs, le monde et l'argent", et Le Nouvel Observateur sur les fonctionnaires, et le stress au travail.
- L'homme ne fait pas ce qu'il dit, il est craintif, hypocrite.
- Kiko : Les familles des victimes du World Trade Center qu'on envoie en Afghanistan c'est abominable.
- Une victime est quelqu'un qui a subi un préjudice. S'il n'y a pas de préjudice, ce n'est pas une victime.
- Jacques : Les deux abus coexistent. Il y a des personnes qui se positionnent en victime de façon abusive, et d'autres qui ont subi un préjudice réel qu'on refuse de reconnaitre.
Les vignerons qui ont causé un accident de train en mettant un vehicule sur les rails se plaignent d'être au bord de la faillite parce qu'ils ne vendent pas leur vin assez cher, parce qu'il y a surproduction. Si on cessait de les subventionner, si une partie d'entre eux étaient contraints de cesser leur activité, la production baisserait et les prix remonteraient, on arriverait ainsi spontanément à un équilibre. Le problème est qu'ils auraient de grandes difficultés à trouver un autre travail. Ce qu'il faudrait, c'est que ce ne soit pas un problème, qu'on soit dans une situation de plein emploi, mais ça c'est un autre problème.
Il y a aussi des vraies victimes qu'on refuse de reconnaitre. On a beaucoup parlé ces derniers mois de la torture pendant la guerre d'Algérie, mais les autorités françaises sont très réticentes par rapport à toute repentance ou dédommagement. On parle aussi beaucoup en ce moment de l'insécurité. La violence souvent manifestée par les arabes envers nous est peut-être causée par le ressentiment qu'ils gardent non seulement pour la guerre d'Algérie mais d'une façon plus générale pour ce que Ben Laden appelle l'humiliation constante dont ils sont victimes.
Il est important d'être irréprochable dans le respect de la justice et de l'éthique, tant entre les individus qu'entre les peuples, pour qu'il n'y ait aucune excuse à transgresser les règles de vie en société.
- Il faut accepter que la vie est dure, injuste.
- Bertrand : Il faut cerner ce que veut dire victimes. Il faut accorder le statut de prisonniers de guerre aux combattants talibans enfermés à Cuba.
- François : La victimisation c'est se tourner vers le passé, culpabiliser par rapport au passé dont on n'est pas rsponsable. Il n'y a pas de loi à la guerre.
- Yves : La guerre est de plus en plus codifiée.
- Hervé : Les leçons ne servent à rien.
- Kiko : Le bonheur n'est rien d'autre que le mal. Il y a le mal et le bien. On nous fait croire que le bonheur c'est le bien. Le bonheur est le camouflage de ce qui est mal. Le bonheur est la consommation commerciale.
- Hervé : Ce que disait François, ceux qui ont subi un préjudice dans le passé on s'en fout, il ne peut pas y avoir prescription.
J'ai mes petits bouts de bonheur.
- Kiko : Je parle du bonheur qu'on nous propose.
- Robert : Les jeunes n'ont pas connu la guerre d'Algérie. S'ils font 5 à 8 enfants ils sont incapables de s'en occuper.
Quand aux agriculteurs qui se plaignent de la sécheresse, ils n'ont qu'à être plus prévoyants.
- Jacques : Même si les jeunes n'ont pas connu la guerre, leurs parents ont peut-être été torturés.
- Bertrand : C'est à la France d'avoir le devoir de mémoire.
En ce qui concerne les agriculteurs, ils n'ont pas tous les moyens de prévoir.
- Est-ce qu'on les torture encore maintenant ? Qui commet des exactions maintenant ?
- Jacques : On ne sait pas, officiellement ce sont les G.I.A. mais selon certaines rumeurs ce serait l'armée algérienne. Mais c'est un autre problème.
- Yves : S'il n'y a pas de libre arbitre, les concepts de victime et de responsable sont illusoires.
Que chacun fasse les efforts qu'il est capable de faire.
- Eve : Un jour on devrait discuter sur le travail et les loisirs.
- François : Il faut punir les coupables avant d'attaquer les victimes. Il y a un aspect social et un aspect ethnique. On demande de plus en plus au travail.
- Eve : La notion d'indemnisation a un aspect pervers, certains risquent d'être tenté de faire des fausses déclarations.
- François : 50 ans après on ne peut pas répartir l'argent.
- La victime se rebelle, elle ne s'adresse aps aux bonnes personnes.
- Kiko : La victime est parfois responsable de sa condition de victime. En Italie, avec Berlusconi, c'est le peuple qui a créé la situation. Le gouvernement fascisant, les victimes de ce fascisme en sont responsables.
- Le problème des victimes n'est pas seulement une question matérielle, ils demandent la reconnaissance, le respect.
- Robert : Hitler a dit "Qui se souvient du génocide arménien" ?
- Hervé : La faute de l'autre, c'est le miroir aux alouettes.
- Hervé : Face aux pertes de responsabilité des hommes politiques il faudrait une justice indépendante et sans faille.
- Jacques : Ce que disait Kiko, les peuples qui élisent des dictateurs, c'est un vrai problème qui montre les limites de la démocratie. Le fondement de la démocratie c'est que quand on n'est pas d'accord, plutôt que de se battre et de faire une guerre civile, on compte combien on est dans chaque camp, et les plus nombreux sont déclarés vainqueurs sans combat. Mauis que faire si une majorité est contre la démocratie ? Si on va au bout de la logique démocratique, la démocratie se saborde elle-même. Sinon, on restreint le démocratie, et alors on remet en cause ses fondements et on risque de retomber dans la guerre civile. C'est ce qui s'est passé en Algérie quand les islamistes ont remporté les élections et qu'elles ont été annulées.
- Il faudrait un revenu maximum fixé.
- Kiko : Quand les français ont voté contre l'Europe, les médias ont tout fait pour que les français changent d'avis.
- Eve : En quoi être européen es têtre victime ?
- Robert : Quand on s'attaque à la première personne de l'état il faut s'attendre à des retombées.
- A nice, c'est le seul endroit où les juges se jugent eux-mêmes.
- Eve Si on est fautif dès le départ (le pêché originel) on ne peut plus s'en sortir.
- Bertrand : Même 30 ans après on peut rouvrir les dossiers et punir les responsables
- Le procès fait revivre les évènements, c'est traumatisant.
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