Café philo du dimanche 16 septembre 2001 au Bastille à Paris
Sujet proposé par Serge : Comment vivre après ça ?
Animé par Bruno
Résumé du débat
(...)
- Georges : L'Amérique a des faiblesses. Pourquoi ? Il y a une nation maître du monde. On ne peut rien contre les actes déséspérés. Les gadgets ne peuvent rien contre des hommes décidés.
- Jacques D. : Il y a eu d'autres "Comment vivre après ça ?" : après le nazisme, la St Barthélémy... D'un point de vue psychologique et sociologique, ce sont de sacrés problèmes. D'un point de vue philosophique, peut-on avoir une idée philosophique lorsqu'on est dans les évènements ? Je ne sais pas ce qui va en découler. Une 3ème guerre ? Est-ce qu'on peut raisonnablement apporter un semblant de réponse ? Quand on ne sait rien, on peut dire tout ce qu'on veut.
- Chacun dit que Dieu est avec lui.
- Michèle : J'ai été atterrée. C'est peut-être une occasion pour prendre conscience de comment va le monde. Il y a les nantis et les démunis. Il y a des famines terribles, mais nous on continue à bien manger et dormir.
- Raymond : La médiatisation dirige nos sentiments.
- Ionika : Les communistes font la critique et l'auto-critique. Ceux qui ont financé Ben Laden ne sont pas mentionnés. A partir d'un certain moment la vie ne compte plus quand elle devient trop dure.
- Bruno : Il faut poser la question du système économique.
L'appauvrissement de la planète fait des nantis et des déséspérés. Il faut se méfier de la médiatisation. La masse de ceux qui travaillent sans se poser de questions, on peut se poser la question de leur innocence. Est-ce qu'il y a des peuples qui ont une mentalité moyenâgeuse ? Est-il légitime de les combattre ?
- Jacques D. : En Algérie, ce ne sont pas des désespérés qui égorgent des nantis.
- Bush est mal placé pour représenter le bien contre le mal.
- Jacques B. : On parle de la guerre du bien contre le mal comme s'il y avail un bien absolu et un mal absolu. Il n'y en a pas, il y a ce que veulent les uns et les autres. Comme disait Fantômas, pour moi le bien c'est ce que je veux.
- Claudine : On manque de recul.
- Constance : C'est la révolte d'une partie de la planète. L'ONU n'est pas démocratique.
- Farid : La devise "Liberté, égalité, fraternité", est valable pour tous, le plus difficile est de la mettre en pratique.
Ce n'est pas une lutte de l'occident contre l'islam, c'est le plus mauvais aspect de l'occident contre les peuples écrasés. Il faut créer les conditions favorables de la paix.
- Mustafa : Je n'ai pas été surpris, c'est le résultat de la politique américaine. Cette guerre est un règlement de comptes.
C'est un problème américano-américain.
- Janine : Les droits de l'homme ont toujours été conquis dans la terreur. Est-ce qu'on étend la liberté à celle de gaspiller ?
- C'est de la colère. Dans tout homme il y a une violence fondamentale.
- Monique : Tout d'un coup on entend parler de Dieu. Tout le monde découvre Dieu.
- Lydie : Rien n'est noir ou blanc. Des richesses il y en a partout. Les hommes de pouvoir dans les dictatures vivent dans l'opulence et laissent crever le peuple. Cet argent ne pourrait-il pas servir à autre chose que la guerre ? Tout être humain ne peut être comme ça démoli.
- Georges : Est-ce qu'ils ne sont pas aussi innocents ou coupables que les irakiens qui applaudissent leur dictateur ?
- Geneviève : Les guerres ont changé, il y a une montée des guerres civiles, du terrorisme. Oussama Ben Laden a inventé le concept de guerre cotée en bourse. On ne sait pas qui le finance. Le cartel de la drogue de Colombie ? Il y a une augmentation du phénomène religieux.
- Est-ce que ces gens étaient innocents ? Vous vous prenez pour qui ?
Elle se lève et quitte la salle.
- Bruno : Le philosophe questionne, met le doigt où ça fait mal. Je pose la question.
- On parle de retour de bâton, loi du karma...
- En Afghanistan il n'y a pas de terres cultivables. Les occidentaux ne sont-ils pas des terroristes ? Le plus grand attentat c'est Hiroshima.
- Christian : Je ne reviendrai pas sur le choc.
Quand on veut imposer une idée par la force, ce n'est pas l'idée qu'on impose mais la force. Il y a 3 doctrines :
- Le colonialisme
- La doctrine de la primauté (USA)
- La doctrine d'Israel en 1920 : on prend une parcelle de territoire pour s'approprier le territoire d'à côté..
Le problème se pose quand on ne veut pas rentrer dans cette stratégie, on le traite de terroriste, on le criminalise.
- Fabienne : Innocence et culpabilité : la réponse qu'on craint, la guerre du bien contre le mal, c'est un faux combat.
On est tous responsables. La guerre c'est parce qu'on a une dette, on refuse de la payer, elle s'amplifie. Les Etats-Unis sont débiteurs de tous ceux qu'ils ont spoliés. Si ça a pu avoir lieu c'est que la décadence a déja commencé. Il faut obliger les Etats-Unis à transformer leur politique, boycotter Matra.
- Georges : J'ai entendu beaucoup de propagande. On risque de revenir au Moyen-Age.
- Bruno : Ceux qui se révoltent défendent une certaine idée de l'islam.
- Jean : Il y a des gens qui se servent de l'islam.
Après la chute du mur de Berlin il fallait créer un autre anti-héros : l'islam. Les musulmans modérés n'y sont pour rien.
- Serge : Hiroshima était le triomphe de la tactique. Ensuite il a fallu passer à la stratégie. Napoléon avait gagné tactiquement et perdu stratégiquement.
- Michèle : Il faut mettre de côté l'émotionnel, le rationnel et se demander ici et maintenant où en est l'état du monde pour aller vers quelque chose de plus positif.
- Jacques B. : On se demande commend vivre après ça comme si on était après. Est-on vraiment après ? On n'est peut-être qu'au début. Certains pensent qu'il y aura un deuxième coup encore plus terrible. Et la vengeance des Etats-Unis ? On peut se demander à quoi sert la bombe atomique si ce n'est pas à répondre à ce genre d'attaque. Et le Pakistan, qui a aussi la bombe atomique ? Son gouvernement s'est mis dans le camp des Etats-Unis, mais qu'en est-il de sa population ? S'il y avait une révolution, on ne sait pas jusqu'où ça peut mener.
Ce que disait Georges est paradoxal : si le peuple irakien soutient Saddam Hussein, on ne peut pas dire que ce soit un dictateur.
- Farid : La richesse arabe est contrôlée par des agents américains. Mobutu est un gangster installé par la CIA.
- Bruno : En tant qu'individus que pouvons-nous faire ?
- Fabienne : Si on creuse on cherche les causes... l'argent est le moyen du vol. De quoi vivent les mafias ? La drogue, les armées, la prostitution : le règne de l'apparence. Pour sortir du cercle infernal il faut non la violence mais la force et l'amour. Les femmes ont non à prendre le pouvoir mais le retirer des mains des hommes.. La vie d'abord, non les chiffres.
- Il faut faire un bilan de compétence, notre être, qui on est, sortir de la pensée unique.
- L'islamisme recrute dans les jeunes de banlieue.
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- Jean : Le mal profond est l'obscurantisme et l'ignorance.
- Voltaire a dit : "Je ne pense pas comme toi mais je me battrais pour que tu puisse t'exprimer."
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- Si on est en accord avec soi la décision vient tout seul.
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- A qui profite le crime ?
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Réflexions
L'ONU n'est pas démocratique : Le fondement de la démocratie consiste, lorsqu'un désaccord survient, à mesurer la force de chaque camp et à déclarer le camp le plus fort vainqueur sans combat. Dans le cas de citoyens censés être égaux, il suffit de compter le nombre de personnes dans chaque camp. Mais dans la communauté des nations, on tient compte des différences de puissances militaires : les 5 membres permanents du conseil de sécurité sont les pays qui ont l'arsenal nucléaire le plus puissant.