Samedi 1er mai 2004 café philo Le Voltigeur animé par Georges TAHAR

Questions proposées :

1) Comment se forgent nos convictions ? 8 voix

2) Réfléchir : est-ce déranger ses pensées ? 3 voix

3) Comment vivre dans un éloignement du monde sans retour ?4 voix

4) Culte de la créativité et recherche de la vérité. 1 voix

5) Qu’est-ce qu’une question philosophique ? 7 voix

6) La modernité est-elle archaïque ? 1 voix

7) La vanité est-elle inhérente à la vie ? 1 voix

8) Que représente la valeur travail aujourd’hui ? 11 voix

 

Georges : Pourquoi cette valeur-là a été dévaluée aujourd’hui, tendant à faire sourire plus qu’a être défendue ?

Geneviève : Je ne veux intervenir qu’en citoyen du monde et non en tant que citoyen français ou même occidental. Le partage du travail doit être lié au partage de l’argent. C’est loin d’être la cas aujourd’hui. Il y a éthiquement un irréductible du travail que chacun doit fournir à la collectivité. L’idéal c’est le travail choisi, le travail créateur, le travail passion.

Christian : Ce sujet empêche d’aborder des problèmes plus profonds. On oublie que tout fait le corps. Réfléchir sur la crise que l’on traverse. Il va falloir retourner à la terre, à l’économie de survie. Ce bordel-là il faut bien qu’il finisse un jour. Retourner au Moyen-Âge ne sera pas pire.

Christiane : Que représente la valeur travail ? En Occident crise de surproduction, on n’a pas besoin de travailleurs, on les chosifient. Quelle est la fonction du travail dans notre société aujourd’hui ? On a envie de tout lâcher tellement on est maltraité. Valorisation par une activité rémunérée. L’inactivité en soi n’est pas mauvaise mais dans quelles conditions ?

Oser : Des métiers de sots : monotonie. On ne peut pas attendre des élites. L’élite ne comprend plus les travailleurs. Décalage énorme entre les élites et les travailleurs. Métiers sots, mécaniques.

Raphaël : Comment échapper à la nostalgie de Georges. Qu’est-ce que le travail ?De quel travail parle-t-on ? Va-t-on traiter uniquement du salarié ? quelle valeur donner au désœuvrement et à la paresse ?

Marie-Hélène : Je ne pense pas que le travail sot dévalorisé. On poussait ces enfants à faire des études pour avoir un travail. Aujourd’hui ce ne sont plus les mêmes critères. On a perdu la notion d’effort personnel. Un type qui travaille 10 heures à la chaîne dans une usine est considéré comme un imbécile.

Antoine : Chiffre du chômage, des SDF. Écart qui existe entre les différences de revenus. Revenu étudiant : prise en charge du pont entre 16 et 25 ans.

Martine : La valeur travail me semble essentielle. Aspect créativité, lien social, échange. Indépendance économique. Pour moi, la perte de travail a été quelque chose de terrible. Décoller le salaire du travail : la mère de famille qui élève ses enfants, elle travaille. La valeur travail ne passe pas par la reconnaissance sociale. Qu’est-ce qu’un travail ? une action qui modifierait le milieu. Travail sur soi : analytique. La douleur du non-travail vient de cette impression que l‘on n’a plus d’impact sur le monde. Les malades mentaux. Pas d’action sur l’autre, le monde : c’est la plus grande douleur.

Monique : la définition du travail, c’est peut-être quelque chose de plus global :

-le travail rémunéré

-le travail quand on vit avec les autres : le troc

-le travail qu’on fait sur soi

Le travail c’est l’effort.

Le travail est libérateur, loin d’être aliénant. Il a de vertus thérapeutiques.

Geneviève : Si on ne parle pas que du travail salarié alors on va tomber dans une confusion, un magma, car si on pousse le sujet à l’extrême, les fonctions végétatives sont aussi un travail.

Alain :1)Le travail est devenu complètement méprisable. Destruction de la valeur travail.

2)Dans une entreprise traditionnelle il y avait le savoir-faire, le métier alors que dans les nouvelles cultures il faut savoir être, satisfaire le client… l’argent. Culture du semblant.

3)Contrat d’emploi. On est employé pour une tâche bien définie, on prend quelqu’un 3 mois puis on le jette. On est employé pour une tâche parcellaire sans avoir de notion de l’ensemble.

Guy : Travail vient de torture. On a besoin d’une activité pour vivre.

Claudine : Je vais travailler, ça peut être le meilleur comme le pire. L’aliénation par le travail. Une salle d’accouchement est appelée salle de travail. On a l’habitude de lier le travail au travail salarié. On n’a pas appris à créer le travail créateur. L’ère du travail salarié est révolue. La valeur suprême du 1er mai est la paix .

Enza : La travail est une chose obligatoire aujourd’hui même si on souffre. Certains soufrent de ne pas travailler. Il faut obligatoirement y aller alors qu’à l’époque on avait des perspectives plus intéressantes.

Georges : Cf. film : Scènes de violence dans un milieu tempéré. Suppression de postes : on voit surgir tous les égoïsmes qui tuent la solidarité et la dignité du travail. Réduire le travail au maximum. Société dans laquelle il n »y aura plus de travail. Gillette : 3 employés pour fabriquer 2 millions de rasoirs. La travail n’a plus aucun pouvoir décisionnel, la valeur essentielle c’est le capital. Les élites de Oser, ça m’a choqué comme si les travailleurs n‘avaient que besoin d’obéir aux élites.

Günter : On dit aux enfants : si vous ne faîtes pas d’études, vous ‘aurez pas d’emploi. Si tu ne travailles pas aujourd’hui, tu n’auras pas de boulot. La survie n‘est plus le moteur de la vie., c’est quelque chose où on se réalise. Est-ce que le travail rend puissant ?Est-ce que je modifie quelque chose du réel ?…travail à la chaîne…Bull : on programme des ingénieurs pour être de commerçants…On peut marchandiser de biens matériels mais on peut marchandiser aussi des services.

Christian :C’est une chose extraordinaire qu’on ait des machines qui remplacent les hommes pour des tâches répétitives, le travail qui reste à assumer est donc plus intéressant. J’ai l’impression d’être le seul à considérer qu’on vit dans une époque critique. Ce qu’ils nous préparent, c’est pire qu’Hitler. Tout fout le camp. Notre société est entrain de se déliter à grande allure, c’est très bien d’ailleurs, il faut que ça change. Je ne vois pas comment ça pourrait durer comme ça. On va droit dans le mur. Qu’est-ce qu’on a à foutre du travail si on va droit dans le mur ?

Marie-Noëlle : Faire ses preuves, monter en puissance…un savoir-faire m’a rendue heureuse et reconnue à un moment donné, c’est éphémère, il faut recommencer. Savoir faire avec les autres , travailler en équipe. Savoir se détacher : Christophe est sorti d ce truc-là, du rôle à jouer, de la fonction . se détacher. Il faut passer par ces classes-là : ne rien faire toute sa vie , ça paraît difficile. C’est pas nul d’avoir produit. Pessimiste.

Christian : Ce n’est pas un discours pessimiste mais bien plus catastrophique. 1% de la forêt primaire disparaît chaque année.

Sophie: Quand les nazis voulaient humilier, ils faisaient travailler pour rien : on creusait un trou pour le recombler ensuite. C’est leur dignité qui était anéantie. Quand un travail vous coûte et n’aboutit pas à ne modification, j’appelle ça perversité. C’est pourquoi il y a tant de découragement.

Jean :La machination du travail. Organisation scientifique du travail. Dans le travail humain on est toujours une mécanisation, un outil, on est chronométré. On enlève toute l’humanisation. La rentabilité : il faut 50 élèves. On est organisé par une oligarchie. C’est le problème de la répartition. Les chômeurs sont incorporés au gens qui veulent rien foutre.

Christophe :Aujourd’hui on s’en fout d la finalité du travail, le but est financier uniquement. Dans un travail répétitif, on peut rêvasser en même temps.Chez Fait on fabrique des mines anti-personnel,  ces travailleurs ne réfléchissent pas à la finalité de leur travail.

Alain : C’est une erreur d’attendre du travail un épanouissement personnel. La finalité que l’on peut trouver à un travail, c’est que ça sert à la collectivité. Mais pas que ça soit intéressant pour soi. Le travail visible sur la matière a disparu, il est délocalisé dans le Tiers-Monde. Il y a encore du travail fait par eux qui entretiennent les machines. Le travail dans les mines reste ailleurs.

Pb du rapport à la réalité dans la mesure où ce qu’il y avait avant, l’artisanat, le travail sur la matière permettait de produire quelque chose de concret.

Raphaël : La rapport à la réalité du travail passe par la perception. Qu’est-ce que représente la valeur ? Le travail paysan. Dans les années 40 la France  rurale : Travail-Famille-Patrie. La moisson. Il y avait une valeur. Qui attribue la valeur ? La ferme= émission TF1 : ces célébrités doivent travailler, faire fonctionner cette ferme. La confédération paysanne menace de détruire la ferme sous prétexte qu’il y a dévalorisation du travail rural. Ils étaient incapables de tondre les moutons et on a pu voir la manière très habile de travailler du spécialiste. C’est une réflexion sur la perception que l’on peut avoir. Ils mettent une certaine valeur à ce travail.

Michel : S’il n’y avait pas 5 millions d’abrutis qui regardent ça, l’émission disparaitrait .Si on mettait un documentaire à la place, il n’y aurait pas d’audimat. Ca rejoint la critique que fait la Confédération paysanne sur l’émission. Qu’es-ce qu’ils critiquent : on ridiculise la précarité du travail rural. Mauvais traitements sur les animaux. Les modes de lectures sont variés.

Georges :

Le gâteau du travail se réduit de plus en plus. C’est à l’individu de changer, quitte à se mettre vendeur de cacahuètes. Le travailleur est une marchandise. L’individu n’a plus d’importance , c’est la fonction. On fait disparaître des métiers.

Claudine : le régime de Vichy avec travail famille patrie. Travail agricole et manufacturé. Avec le développement du secteur tertiaire, il y avaient des liens sociaux nouveaux et le développement de l’amitié chez les femmes.  Développement de l’amitié par le travail : c’est très libérateur. On pouvait faire une histoire de l’amitié parallèlement au travail. Le relationnel a remplacé l’amitié. Avoir beaucoup d’amis, c’est très valorisant. Les gens se glorifient d’avoir un carnet d’adresses. On chantait au travail. Il y avait une atmosphère très joyeuse.

Christian : Àporpos de la merchandising du travail, c‘est bine de travailler Intérim. J’ai pas affaire à un patron . Quand il s’agit d’un travail pas intéressant la merchandisation me semble plus digne. Mais c’est moins sécurisant.

Geneviève : Il y a des paradoxes :

-         les machines remplacent les hommes et pourtant les 35 h sont remises en question. Il y a moins de travail, il y a du chômage alors qu’on devrait tous travailler ( puisque c’est un droit), moins longtemps et être mieux payés. Une minorité dominante a tout intérêt à faire travailler longtemps le moins de monde possible.

-         la joie des esclaves, c’est une soupape

-         la création devrait avoir toute sa place puisqu’on a plus de temps libre, non ?

Mais tout ça passe par l’argent alors le problème est là. C’est la source.

Christiane : Je suis fière de subsister à mes besoins. Cette parole ne marche plus . La notion de morale bascule. Avant : tu gagneras ton pain à la sueur de ton front.

Sophie : L’inégalité. Médecin du travail : c’est un métier de pute. La machine doit être au service de l’homme or il fallait que la machine fonctionne. J’ai abandonné le métier, j’aurais dû me battre pour le rendre autre.

Dominique : Le travail au départ était une activité bénévole qui bénéficiait à la collectivité. Le travail aujourd’hui, c’est de l’exploitation.