Café philo du samedi 16 juin 2001 au Bastille Corner à Paris
Discussion sur un extrait de "La société du spectacle" de Guy debord, chapitre VI, Le temps spectaculaire.
152
Dans son secteur le plus avancé, le capitalisme concentré s'oriente vers la vente de blocs de temps «tout équipés», chacun d'eux constituant une seule marchandise unifiée, qui a intégré un certain nombre de marchandises diverses.
C'est ainsi que peut apparaître, dans l'économie en expansion des «services» et des loisirs, la formule du paiement calculé «tout compris», pour l'habitat spectaculaire, les pseudo-déplacements collectifs des vacances, l'abonnement à la consommation culturelle, et la vente de la sociabilité elle-même en «conversations passionnantes» et «rencontres de personnalités».
Cette sorte de marchandise spectaculaire, qui ne peut évidemment avoir cours qu'en fonction de la pénurie accrue des réalités correspondantes, figure aussi bien évidemment parmi les articles-pilotes de la modernisation des ventes, en étant payable à crédit.
153
Le temps pseudo-cyclique consommable est le temps spectaculaire, à la fois comme temps de la consommation des images, au sens restreint, et comme image de la consommation du temps, dans toute son extension.
Le temps de la consommation des images, médium de toutes les marchandises, est inséparablement le champ où s'exercent pleinement les instruments du spectacle, et le but que ceux-ci présentent globalement, comme lieu et comme figure centrale de toutes les consommations particulières : on sait que les gains de temps constamment recherchés par la société moderne - qu'il s'agisse de la vitesse des transports ou de l'usage des potages en sachets - se traduisent positivement pour la population des Etats-Unis dans ce fait que la seule contemplation de la télévision l'occupe en moyenne entre trois et six heures par jour.
L'image sociale de la consommation du temps, de son côté, est exclusivement dominée par les moments de loisirs et de vacances, moments représentés à distance et désirables par postulat, comme toute marchandise spectaculaire.
Cette marchandise est ici explicitement donnée comme le moment de la vie réelle, dont il s'agit d'attendre le retour cyclique.
Résumé du débat
Rares sont ceux qui font vraiment ce qu'ils veulent, vivent leur propre vie.
En 60 ans, on passe 6 ans à attendre.
La pensée est structurée et rigoureuse.
Il faut supprimer toute institution qui fait obstacle à la créativité humaine.
Roland : C'est une décomposition en espace et temps. Là le cafouillage est absolu.
Le capitalisme c'est l'importantisme.
Dominique : Guy Debord distingue 3 formes de capitalisme :
Le capitalisme concentré, autoritaire, comme le stalinisme où l'Etat concentre le capital;
Le capitalisme diffus des démocraties occidentales;
Le capitalisme intégré, dictature invisible de l'argent qui se développe actuellement.
Il tombe dans le meme piège que le paradigme qu'il dénonce :
Les objets sont des marchandises, le temps aussi.
On ne peut se libérer du temps par le temps.
Pourquoi veut-on etre occupé, avoir une raison de vivre ?
Le piège sera toujours le meme.
Le texte n'est pas clair.
On ne fait plus de travail physique mais on l'a remplacé par le jogging.
C'est comme la philosophie du chat,
l'idéologie, c'est la passion qui prend le masque de la raison.
Pascal disait que les malheurs du monde viennent du fait que l'homme ne peut passer une heure à réfléchir seul.
(...)
Roland : Debord n'y comprend rien, on est dans une position de psychiatre face à ce discours d'un aliéné.
(...)
Au lieu de parler pour ne rien dire et ne rien entendre dire, on arrive à parler pour s'amuser,
on revient au Café des Phares du début, un dialogue, pas de philosophie.
Ce que j'aime c'est l'imprévu, la possibilité de faire un choix,
c'est l'imprévu qui fait le charme de la vie.
Pascal : Le choix est un leurre. Je le considère comme imprévu s'il me donne satisfaction.
Je suis juge et partie.
Ionika : Le progrès déséquilibre.
On fait des stages pour gagner du temps.
On organise la pénurie de distraction.
Christion : Ce n'est pas une philosophie de la liberté mais de la libération,
visant à nous libérer d'un obstacle à nos désirs.
Les marxistes s'intéressent aux obstacles de la société, les freudiens aux obstacles qu'on a en soi.
La liberté c'est etre maitre de ses désirs, non esclave.
Les gens ont peur de la liberté, peur du désir de vivre.
Personne n'a le courage d'etre libertaire.
Il ne faut pas confondre droit et liberté.
On ne peut pas changer la société par des manifestations, des revendications.
La vie a-t-elle un sens ? Qu'est-ce qu'on entend par vie ?
Jacques B. : Si on n'est plus esclave de nos désirs, qu'est-ce qui les
remplace dans la détermination de nos actions ? Notre liberté ne coniste-telle pas essentiellement
à choisir notre maitre, entre nos désirs ou tel ou tel idéal choisi en fonction
de notre personnalité, mais celle-ci est déterminée en grande partie par des
éléments extérieurs : génétique, éducation, vécu. Reste-t-il quelque chose
de personnel, non extérieur ?
Christian : La vie n'aurait aucun sens.
Jacques : Il faut faire un pari pascalien d'un sens de la vie.