Café philo du mercredi 8 aout 2001 au Malevitch à Paris
Sujet proposé par Michel T. : Qu'est-ce que le soi ?
Animé par Daniel Ramirez
Présentation du sujet
Il faut distinguer les aspects objet et sujet.
C'est l'ensemble des informations auxquelles on peut accéder sur soi-même,
informations perçues actuellement ou disponibles en mémoire.
Tour de table
- Le soi exprime la réflexivité, entre le sujet je et le me il y a altérité.
Ce qui est traversé par l'autre.
- Alain : Ce mot a des sens particuliers pour Freud et Jung.
- Opposition culture / nature, individuel / collectif.
- Ne pas dire "j'ai la paix" mais "je suis la paix".
- Le soi dépend des autres. Robinson perdrait son soi.
- La perception de son identité, construction par l'environnement, la société.
- Descartes, "Je pense donc je suis".
- L'être profond, l'âme.
- Jacques B. : Le mot "soi" a différents sens. A l'origine il désigne la
réflexivité, quand l'objet se trouve être le sujet, quand le sujet devient son
propre objet. Mais différents penseurs lui ont attribué des sens particuliers :
Freud, Jung, le mouvement new-age, point où l'individu se fond dans l'Un...
En ce qui concerne la refléxivité, quand le sujet devient son propre objet ça peut
donner lieu à des paradoxes. On dit qu'on doit se connaitre soi-même.
Quand on connait autre chose que soi, cette connaissance qu'on acquiert ne modifie pas
l'objet qu'on connait. Mais quand on est soi-même l'objet de cette connaissance,
l'acquisition de cette connaissance sur soi-même nous modifie, et il faudrait alors
se connaitre tel qu'on est devenu après avoir acquis cette nouvelle connaissance.
C'est comme en mathématiques, les limitations du théorème de Gödel peuvent être
dépassées en donnant au système une connaissance sur lui-même, ce qui donne
un nouveau système qui est lui-même sujet à cette limitation gödelienne, et on peut
réitérer le processus en donnant à ce nouveau système une connaissance de lui-même,
et ainsi de suite, ce qui donne une suite de systèmes numéro 1, 2, 3... infini, infini + 1, ...
associés à ce que les mathématiciens appellent les ordinaux transfinis.
Résumé du débat
- Roland : Le tac au tac est binaire. Avec un tiers le conflit est amorti.
Position d'inaction, ce juge est un animateur ressusciteur.
- Christiane : Il se parle, comme s'il y avait 2 êtres en 1, se mettre soi-même à distance.
- C'est le moi qui pense, une sorte de régisseur.
- Daniel : Comment peut-on se parler à soi-même si on est une unité ?
- Le soi est indéfinissable, c'est le je qui pense.
- Quand on s'écoute penser, on se demande combien il y a de personnes là-dedans.
- Claudine : Le moi est plus fort, en conflit, le soi se préserve, est son propre nid.
- Daniel : Le soi est une dimension de la personne plus constante et détachée
du monde, il est plus permanent, il représente l'identité de la personne. Sur quoi
repose cette identité ? C'est un fond marin immuable, mais les vagues vont et viennent comme les émotions.
Le soi n'est pas affecté par le moi. Le soi est-il la totalité de l'être ?
- L'idéal du moi est d'atteindre le soi.
- Daniel : C'est l'ataraxis, le détachement.
- amour : fusion, symbiose, dualité, vivre avec.
- La philosophie du soi est schizophrénie.
- Le soi est peut-être un moi schizophrène.
- Certains parlent d'eux à la troisième personne.
Alain Delon ne parle pas de lui mais d'une image médiatique.
- En psychothérapie on parle de faux soi.
- L'enfant ne parle pas de lui à la première personne parce qu'il n'a pas conscience de lui-même.
- Jacques B. : Je ne suis pas d'accord. Je me rappelle, quand j'étais petit,
j'inversais le je et le tu car quand ma mère me parlait, elle disait "je" en parlant
d'elle et "tu" en parlant de moi. Je croyais que "je" était son nom et "tu" le mien.
J'ai fait cette erreur jusqu'à ce que je comprenne que "je" désigne celui qui parle et "tu" celui à qui l'on parle.
Mais j'étais tout autant conscient de moi-même que maintenant.
- Roland : Il faut traduire "je" par "il" sinon il y a transfert.
- La version religeuse, universel, l'Un, l'Unique, le Dieu des philosophes, Deitas.
D'unification à unification on arrive à l'Unité absolue, Dieu.
C'est une façon de penser qui me fait peur.
- Le soi permanence rejoint la religion.
- Ce soi serait absolu, détaché du monde.
- Ca me fait penser à l'opposition idolatrie / raisonnement.
- Daniel : Comment peut-on avoir un idéal de soi si on n'a pas prise sur soi ?
- Le soi est constitué de facettes.
- Roland : Quand on confond l'identité et l'égalité, on fait une falsification globalisante qui est
du totalitarisme. "Vous n'avez pas dit ce que vous avez dit".
- Il ne faut pas faire du journalisme. Il faut dialoguer à la même hauteur.
- Michel : On a dit que le soi c'est l'âme, une synthèse de l'identité.
(...)
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