Café philo du samedi 4 octobre 2003 au Voltigeur à Paris
Débat sur un texte de Rousseau apporté par Ozer
Animé par Christiane
"A mesure que les idées et les sentiments se succèdent, que l'esprit et le coeur
s'exercent, le genre humain continue à s'apprivoiser, les liaisons s'étendent
et les liens se resserrent. On s'accoutuma à s'assembler devant les
cabanes ou autour d'un grand arbre : le chant et la danse, vrais enfants de
l'amour et du loisir, devinrent l'amusement et plutôt l'occupation des hommes
et des femmes oisifs et attroupés. Chacun commença à regarder les autres et à
vouloir être regardé soi-même, et l'estime publique eut un prix. Celui qui chantoit
ou dansoit le mieux, le plus beau, le plus fort, le plus adroit, ou le plus éloquent,
devint le plus considéré ; et ce fut là le premier pas vers l'inégalité, et
vers le vice en même temps : de ces premières préférences naquirent d'un côté
la vanité et le mépris, de l'autre la honte et l'envie, et la fermentation causée
par ces nouveaux levains produisit enfin des composés funestes au bonheur et
à l'innocence."
Discours sur l'origine de l'inégalité, 2e partie, 10/18, 1973, p 353.
Extraits du débat
- Ozer : Pour Rousseau, l'homme est naturellement bon.
C'est l'idée contraire de Hobbes.
- Est-ce que l'origine du mal vient des affects ?
- Pascal : On remplace la relation par le lien.
- Christian C. : Contrairement à H. James je ne veux pas aller
au paradis avec les ânes.
L'origine de l'égalitarisme et de la justice, c'est l'humanisme.
C'est une idée aberrante d'être distingué non en fonction de
qualités mais de l'espèce à laquelle on appartient.
- Daniel R. : C'est la philosophie du soupçon, attaquer la partie la plus basse.
Nietzsche hérite de Larochefoucault. Attaquer la version
la plus basse de l'idée de l'autre.
- Pascal : On ne regarde pas, on porte un jugement.
- Christiane : Est-ce que l'autre a du pouvoir parce que je lui reconnais, ou je le reconnais parce qu'il a du pouvoir ?
- Daniel R. : Nous avons réavalé la pilule.
- Christian C. : Nous sommes revenus de nos illusions.
(...)
Comte-Sponville justifie la démocratie par la somme des désirs. La justice et la vérité passent à la trappe.