Café philo du samedi 15 septembre 2001 au Bistrot du Sérail à Paris
Doit-on respecter la loi ? Les points de vue de Spinoza et Thoreau
Animé par Fabienne
Actualité du café-philo M° Bréguet Sabin et internationale, samedi 15/09/01
Baruch SPINOZA (Hollandais 1632-1677 in Traité théologico-politique 1670)
Jusqu'où, la liberté d'expression ?
Nul à la vérité ne peut, sans danger pour le droit du souverain, agir contre son décret.
Mais il peut, avec une entière liberté opiner et juger et en conséquence aussi parler, pourvu qu'il n'aille pas aù-delà de la simple parole ou de l'enseignement, et qu'il défende son opinion par la raison seule, non par la ruse, la colère ou la haine, ni dans l'intention de changer quoi que ce soit dans l'Etat de sa propre autorité.
(...)
Nous voyons donc suivant quelle règle chacun, sans danger pour le droit et l'autorité du souverain, c'est-à-dire pour la paix de l'Etat, peut dire et enseigner ce qu'il pense ; c'est à condition qu'il laisse au souverain le soin de décréter sur toutes actions et s'abstienne d'en accomplir aucun contre ce décret, même s'il lui faut souvent agir en opposition avec ce qu'il juge et professe comme étant bon.
(chap XX Trad Appuhn GF Flammarion, 1965)
Henri-David THOREAU (américain, 1817-1862, in La désobéissance civile 1848)
Personne n'est juste grâce à la loi
Je pense que nous devons d'abord être des hommes, des sujets ensuite. Le respect de la loi vient après celui du droit. La seule obligation que j'aie le droit d'adopter, c'est d'agir à tout moment selon ce qui me parait juste. On dit justement qu'une corporation n'a pas de conscience, mais une corporation faite d'êtres consciencieux est une corporation douée de conscience.
(...)
Le respect indu de la loi a fréquemment ce résultat naturel qu'on voit un régiment de soldats, colonel, capitaine, caporal, simples soldats, artificiers, etc., marchant en bel ordre par monts et vaux vers la guerre (...) Or, que sont-ils devenus ? Des hommes le moins du monde ? ou de petits fortins déplaçables, des magazins d'armes au service de quelque puissant sans scrupule ?
(trad G. Villeneuve, Arthème Fayard, 1996)
(txt p 165 et 163 de l'Antimanuel de Philosophie de Michel ONFRAY, Bréal 2001)
Voilà, ce me semble, qui colle à l'actualité avec 350 à 250 ans... d'avance ! Après, la semaine suivante, soit on ré-élit, soit j'ai un texte de Gandhi sur la force de l'Ahimsa (l'amour), soit...
Résumé de quelques interventions
- Guy : Il y a la problématique de l'esclavage. Trop d'ouverture mène à la fermeture. Je suis objecteur de conscience, je suis pour la guerre. Je choisis ma guerre.
- Jacques B. : Je suis d'accord que trop d'ouverture mène à la fermeture. Que faire quand dans une démocratie une majorité est contre la démocratie ? La démocratie est partielle ou contradictoire : Si on joue le jeu de la démocratie jusqu'au bout, la démocratie se contredit elle-même. Le fondement de la démocratie est que quand on n'est pas d'accord, plutôt que de se battre, on compte combien on est dans chaque camp, et les plus nombreux sont déclarés vainqueurs sans combat. Si on le remet en cause, on en revient au combat. C'est ce qui s'est passé en Algérie, il y a eu des élections, les islamistes ont gagné, les élections ont été annullées, et il y a eu la guerre civile. C'est un problème difficile.
- Raymond : Dans la nature, la loi du plus fort est toujours la meilleure. La loi permet au plus faible de s'exprimer, oblige le plus fort à respecter le droit du plus faible. La loi régit un rapport de force.
- Il y a aussi les lois de la nature.