A-t-on la responsabilité d'être libre?

Café philo du lundi 18 février 2013 au Bon Pêcheur à Paris

Il y a un paradoxe dans ce sujet : si on n'est pas libre, on ne choisit pas ce qu'on fait, donc comment pourrait-on choisir de devenir libre ?

La première liberté est la liberté de pensée mais la liberté se résume-t-elle à la liberté de pensée ? Il y a aussi la liberté d'action.

La liberté c'est un droit qui entraîne des devoirs.

Les aliénés sont irresponsables donc ils sont plus libres.

Est-ce qu'il y a une liberté dans l'aliénation ?

Les chômeurs sont-ils plus libres que ceux qui travaillent ?

Un soir, dégustant un simple plat de lentilles, Diogène fut abordé par Aristippe, un illustre philosophe qui menait une brillante existence à la cour. Aristippe lui dit : "Si tu flattais le roi, à mon exemple, tu n'en serais pas à bouffer des lentilles". Diogène lui rétorqua du tac au tac : "Si tu te contentais de lentilles pour ton repas, tu n'aurais pas à lécher les pieds du roi avant de bouffer à sa table et d'entendre les fadaises de ses courtisans !".

Etre libre c'est faire ce qu'on veut. Ca dépend de ce qu'on veut le plus : avoir beaucoup de temps libre pour des activités peu coûteuses ou avoir de l'argent pour des activités coûteuses mais moins de temps.

Sur quoi se fonde la responsabilité ?

Sur la liberté.

Les schizophrènes sont-ils responsables ?

Il faut faire un travail sur soi pour comprendre pourquoi on pense ce qu'on pense.

Il y a aussi les libertés écrans qui conditionnent nos désirs, la servitude volontaire.

Etre libre c'est faire ce qu'on veut mais ce qu'on veut dépend de notre personnalité, qui vient en partie ou entièrement de notre vécu, notre éducation qu'on n'a pas choisi. Quand on dit que les femmes qui décident de se voiler ne le font pas librement parce qu'elles ont été endoctrinées, ne pourrait-on pas dire la même chose de n'importe quel acte dit libre de n'importe qui ?

C'est un constat fataliste, la vraie liberté existe-t-elle?

C'est une question métaphysique, la question du matérialisme et du spiritualisme. Sommes-nous des êtres entièrement matériels, régis par des lois de la physique qui ne laissent aucune place à la liberté ou y a-t-il quelque chose de spirituel en nous qui échappe à la détermination de la matière ?

Nous sommes spirituels.

Il n'y a pas que la question du matérialisme et du spiritualisme. Si l'esprit existe, est-il différentié entre les individus ou est-il indifférentié ? Je pense qu'il pourrait y avoir un esprit indifférentié, et que la différentiation des personnalités pourrait se situer uniquement au niveau de la matière, ça rejoint l'idée bouddhiste de l'illusion du moi.

La liberté du renard libre dans le poulailler libre. Qui a peur n'est pas libre, qui est libre fait peur.