7 puis 9 voix, sujet choisi : La recherche du bonheur rend-elle plus heureux que le bonheur ?
4 voix : L'amour est-il absolu ou contingent ?
3 voix : Civilisations, quand serez-vous humaines ?
3 voix : Qu'est-ce que l'esprit ?
4 voix : L'efficacité est-elle une erreur sur le plan humain ?
3 voix : Existe-t-il une telle chose que la philosophie politique ?
7 puis 3 voix : L'humour est-il une philosophie ?
Présentation du sujet par Raymond
J'aimerais qu'on ne dissèque pas trop le mot bonheur.
C'est ce qui nous rend heureux. C'est un concept.
Le chemin qui mène au bonheur est parfois plus euphorisant,
quand on l'a il ressemble à une plaine étale, qui peut
rendre serein mais pas nécessairement heureux.
Résumé du débat
Pascal : Il y a une contradiction, tu dis qu'on doit éviter de conceptualiser et
c'est ce que tu fais.
Dominique : Bonheur vient de "bonne heure", c'est ce qui se présente au bon moment.
Il n'y a pas de plaine, je ne m'arrete jamais.
Janine : Je me suis toujours méfié des gens heureux.
Etre heureux demande autant de travail que de chercher à l'etre.
Jacques : Je ne parlerai pas de bonheur. Il faut séparer bonheur et heureux.
La question laisse qupposer que pour etre heureux il faut etre actif.
Ca me parait curieux.
François : Peut-on rechercher le bonheur ?
On est dans le bonheur ou malheureux.
Il s'agit de retrouver un état naturel qu'on aurait perdu.
Jacques B. : Peut-etre que l'erreur c'est de considérer le bonheur comme
un but à atteindre, il faudrait peut-etre plutot le considérer comme une direction vers laquelle on peut aller toujours plus loin.
Quant au fait que la question sous-entendrait qu'il y aurait une différence entre etre heureux et avoir du bonheur,
il me semble que c'est un sophisme. On aurait aussi pu la poser sous la forme :
"Chercher à etre heureux donne-t-il plus de bonheur que d'etre heureux ?".
Je ne vois pas pourquoi on rechercherait quelque chose qu'on a déja. La phrase est contradictoire.
Michèle : Tout le monde recherche le bonheur.
Personne ne le trouve de manière stable.
Ca me fait penser à un livre d'un historien des mentalités,
"Que reste-t-il du paradis ?".
La recherche de l'objet du désir est plus importante que lorsqu'il est atteint.
Le "gateau", le paradis, ça ne me plait pas.
Le problème est comment reconnaitre le bonheur ? Comment sait-on qu'on est heureux ?
Pierre : Le bonheur existe-t-il ?
La nécessité de la recherche existe pour chacun de nous.
Quelquefois il s'en va. Il faut le construire.
L'animateur : Ce qui nous rend heureux est la quete d'un idéal de bonheur
Raymond : Arriver au bonheur c'est etre actif.
Il faut y travailler. Le bonheur est personnel, il n'y a pas d'objectivité.
Le bonheur est plus difficilement transmissible que le malheur.
Le bonheur de l'humanité n'a pas de sens. Chacun de nous a une idée personnelle du bonheur.
Les étapes pour arriver au but sont parfois plus euphorisantes, passiionnantes.
On a peut-etre en nous quelque chose qui nous rappelle un état qu'on a connu de fusion avec la mère
où on a tous nos besoins comblés sans qu'on le demande,
un état fusionnel. L'extase c'est etre hors de soi,
le sentiment océanique des femmes enceintes. C'est physiologique.
Le toxicomane aime son manque.
Jacques : Est-ce que le bonheur existe, on peut se poser la
question. Etre heureux c'est quand on se sent bien, la question ne se pose pas.
Heureux s'applique à une personne.
Le bonheur s'applique à lui-meme.
Certains se sentent bien dans les conflits.
Le joueur est heureux quand il joue, il a peur de perdre.
L'alpiniste, le navigateur recherchent l'émotion.
Pascal : Pourquoi doit-on chercher quoi que ce soit ?
Il faut faire la différence entre etre actif et etre agité,
entre la quete et l'enquete, la passion et la stimulation.
Jacques B. : Je voudrais faire un rapprochement entre 3 idées qui ont été émises :
- Il est paradoxal de rechercher ce qu'on a déja
- Il faut distinguer le bonheur et etre heureux
- On ne se rend pas compte quand on est heureux
les deux dernières étant deux réponses possibles à la première.
Raymond : On pourrait reformuler la question : Vivons-nous de nos espérences ?
L'animateur : Stuart Mill, utilitariste,
disait qu'il vaut mieux etre malheureux comme Socrate
qu'un porc satisfait.
On ne peut pas etre heureux sans en etre conscient.
On peut etre heureux et avoir des moments où on se sent mal.
Simone : Quelqu'un a dit qu'on ne peut pas voir le bonheur ailleurs,
je ne suis pas d'accord. Certains le voient dans les tetes couronnées.
Le bonheur est fusionnel.
L'animateur : Parfois la mère veut rejeter l'enfant.
Pierre : Le vrai bonheur ne peut etre solitaire.
C'est le prix d'un travail, d'un effort de volonté
et de sagesse, la réalisation d'un équilibre mental.
Bertrand Russell disait qu'il est plus heureux après une bonne nuit.
Le sommeil n'est pas le bonheur.
Le bonheur ne peut pas etre égoiste.
Le bonheur est ce qu'on ressent en soi.
La passion est le contraire de la sagesse.
On ne peut pas connaitre le bonheur dans la guerre car il manque la sagesse.
Un arriviste ne peut pas etre heureux.
Socrate n'était pas heureux.
(...)
Pierre : Le bonheur n'est-il pas une plénitude plutot qu'un manque ?
Comte-Sponville a dit "Si nous étions heureux, nous ne ferions pas de philosophie".
L'intéret réside dans ce manque.
Si nous étions heureux, nous ne serions pas là en train de discuter.
L'animateur : Toute recherche d'un but est-elle névrose ?
Qu'est-ce qui sépare le drogué qui a besoin de son manque
et le sage soi-disant authentique sur la quete du bonheur ?
Tout ce qui est au-delà des besoins physiologiques n'est-il pas de l'ordre de la pathologie ?
Atteindre quelque chose de parfait, cherche, tu ne trouveras jamais.
Pascal : Le bonheur c'est etre capable de vivre cerrectement sans stimuli.
Le névrosé est sur des rails. Quand il déraille il est malheureux.
Sur des rails on est prisonnier. On ne peut pas etre heureux.
C'est une illusion de bonheur.
Le bonheur, c'est la plénitude, la bonne santé.
La quete, c'est répondre à la question "comment faire",
l'enquete à la question "qu'est-ce que".
En fait il n'y a pas de chemin, c'est une question de bonne santé,
condition sine qua non.
Ne pas confondre esseulement et isolement.
Animateur : Quel serait le moteur de la recherche ?
Pascal : Il doit venir naturellement, c'est la passion, l'énergie.
(...)
Pascal : La philosophie est une enquete, non une quete.
Il ne peut y avoir de fin au questionnement que par le ni-ni.
Avant, c'est la dualité.
Raymond : Ma question n'a jamais été de discuter qu'est-ce que le bonheur.
L'espérance est source de bonheur.
L'etre humain est imparfait.
Un etre parfait n'a pas d'espérance, de sentiment.
Le moteur vient de notre propre imperfection.
Farid : L'espérance a une connotation religieuse, spirituelle.
Un etre parfait n'a que des bons sentiments.
Le bonheur individuel et collectif est différent selon la culture, l'époque.
(...)
Marx disait que les philosophes n'ont jamais appliqué leur philosophie.
La quete du bonheur est une névrose, on court après un monde qui n'existe pas.
(...)
François : Quand on a demandé à Hubert Reeves s'il est heureux, il a
dit "J'ai un métier passionnant, mais je regrette de ne pas avoir vu grandir mes enfants".
"Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre."
L'animateur : "Tu ne chercherais pas si tu n'avais pas trouvé".
Nietzsche : "Deviens ce que tu es".
Est-ce une névrose de rechercher le bonheur ?