Café philo du mardi 30 mars 2004 à la Contrescarpe à Paris
Sujet présenté par Alain : Philosophie et psychanalyse
Animé par Marian

Présentation

Le rapport se joue entre lesujet pensant de la philosophie et en psychanalyse le sujet dont la vérité serait dans l'inconscient qui échappe à son contrôle. On pourrait partager les rôles, la philosophie s'occupant du sujet conscient et la psychanalyse du sujet inconscient. Pourquoi y aurait-t-il un problème ? Dans la mesure où on cherche où est le principe premier, la vérité du sujet, dans le conscient ou l'inconscient.

La conscience est l'acte ou l'état dans lequel le sujet a une présence à soi, sujet conscient de lui et de ce qui lui est autre. Chez Sartre, toute conscience est conscience de quelque chose. C'est le principe premier par lequel le sujet peut se connaître et connaître le monde.

Au 18ème siècle est apparu un inconscient dans la philosophie avant Freud, à la suite de Kant avec Schoppenhauer, le monde comme volonté et représentation. L'identité vient du fond de la conscience, l'inconscient parvient partiellement à la conscience, il y a un dialogue entre l'inconscient et le conscient.

Puis il y a eu Charcot et Freud avec d'abord la méthode cathartique qui fait verbaliser mais ne suffit pas à guérir. Il a ensuite appliqué la méthode de remémoration volontaire qui consiste à pratiquer la libre association, mais on constate une grande résistance du sujet attribuée au refoulement. L'inconscient de Freud est distinct et séparé, c'est un principe différent de la conscience, un principe d'altérité posé dans un premier temps pour la réduire : il s'agit d'intégrer l'inconscient à la conscience, de vaincre les résistances du refoulement. Il découvre la compulsion de répétition d'actes qu'on sait néfastes. On a là un inconscient auquel on ne peut pas accéder directement mais qui se manifeste à travers des rêves, des actes manqués, des mots d'esprit, des symptômes, la souffrance, l'angoisse. C'est là qu'il y a une rupture fondatrice avec le sujet philosophique. L'inconscient est une altérité dans le sujet, un discours autre. Le sujet est divisé entre un conscient et un inconscient, hétérogène. On est conditionné par notre éducation. Le sujet de l'inconscient manque de complétude. Au lieu d'attribuer ça à l'éducation, à la répression des instincts, on en vient à un fait de structure. On n'a pas d'accès direct à notre vérité. C'est ce que Lacan symbolise avec le S barré. Ca entraîne une autre conception de la cure analytique. La clé du problème c'est le désir : quel est mon désir ? La cure revue et corrigée par Lacan met en place cette structure d''inconscient autre par rapport au sujet de la conscience. On est obligé de passer par l'autre pour trouver son propre désir. Il s'agit de reconnaître le sujet de l'inconscient et non pas l'objet de l'inconscient. Les vérités dont il s'agit de se rendre compte sont des vérités dans le sujet. On n'est pas dans une posture métaphysique.

Les questions qu'on se pose en philosophie sont-elles encore valides ? La philosophie a aussi depuis longtemps dans son champ la notion de l'altérité. La philosophie intègre l'inconscient de la psychanalyse dans le programme de terminale. La philosophie peut aussi se remettre en question. Il s'agit de savoir comment on pense, quels sont les présupposés, les implicites, les implications de notre façon de penser. A ma connaissance il n'y a que dans les ateliers d'Oscar Brenifier qu'on applique ce genre de pratiques philosophiques. Le problème c'est que c'est la pensée qui se pense elle-même, alors que dans la cure il y a autre chose qui pense à côté de la pensée. Dans la philosophie la vérité est toujours placée dans le sujet pensant, il n'y a pas cette hétérogénéité entre conscient et inconscient. Quand on dépasse les contradictions on les annulle. Le résultat est une sorte d'inconscient philosophique. C'est le sujet de la conscience qui est transcendental. Une sorte d'inconscient métaphysique. Il y a des philosophies du néant. c'est une façon de traiter du manque d'absolu, de vérité, la métaphysique du néant, alors qu'en psychanalyse ça n'a aucun sens. Ce manque pour la psychanalyse est fondateur du sujet. Il y e na qui récupèrent ça pour dire que le sujet est tout entier dans son manque d'être. On remet tout en question, les valeurs, c'est une posture qui m'a toujours parue suspecte, à mon avis c'est complètement factice. Quand la philosophie fait du manque une métaphysique du néant ça devient un jeu intellectuel destructeur pour le sujet. Quelles sont les conséquences de cette instauration d'un sujet inconscient par la psychanalyse ? En tout cas c'est un sujet qui peut se passer de l'Absolu, c'est un sujet qui n'est pas dans la totalité, qui n'est pas totalitaire puisqu'il n'a pas la possibilité d'intégrer l'inconscient. Il n'y a pas de totalitarisme. L'inconscient n'est surtout pas un nouvel absolu, une nouvelle métaphysique. La métaphysique correspond à une des sublimations possibles de ce manque fondamental. Il y a quelque part un réel inaccessible et inconnaissable dans le sujet. La métaphysique prétend que le réel on ne sait pas ce que c'est. La philosophie comme outil de questionnement est toujours valable. Ce que je critique c'est certaines parties de la philosophie qui consistent à néantiser le sujet. La psychanalyse ne déresponsabilise pas le sujet mais doit permettre d'instaurer un sujet du désir qui trouve son propre désir à partir de ce qui lui a été donné. La psychanalyse permet dans l'idéal de fonder un véritable sujet sans pour autant qu'il soit totalitaire, qui soit considéré comme responsable tout en ayant un inconscient. Par la psychanalyse on peut aboutir à un sujet relativement autonome et responsable, alors qu'avec la philosophie on aboutit à l'aliénation totale. Les questions fondamentales sont-elles métaphysiques ou psychanalytiques ?

Extraits du débat