Café philo du vendredi 5 juillet 2002 au Relais Jussieu à Paris
Sujet : Un philosophe peut-il être de droite ?
Animé par jacques Diament
Vote du sujet
- 3 La connerie
- 5 Un philosophe peut-il être de droite
- 2 Après nous le déluge
- 3 Sport et politique
Présentation du sujet de Germinal
La différence entre la droite et la gauche, c'est que la gauche c'est le partage. La droite c'est le libéralisme, la loi de la prédation, le minimum de dépenses pour le maximum de bénéfices. Le gouvernement de droite augmente les riches.
Etre philosophe, c'est regarder les choses telles qu'elles sont, sans parti pris, être lucide.
Résumé du débat
Tour de table
- Amir : Je suis de gauche. Quelqu'un de droite dirait que le libéralisme est le bonheur pour tous, le partage décourage les forces productives de la société, les plus démunis ont plus de choix.
- Louise : La gauche c'est la primauté de la politique sur l'économie, la droite c'est l'inverse.
- Farid : Le mot "philosophe" a des sen,s variés. Etymologiquement, un philosophe ne peut pas être de droite parce que ce n'est pas la sagesse. Les idées de droite ne sont pas favorables au regard de la sagesse. Mais en tant que théoricien et idéologue il y a des philosophes de droite.
- Jacques : Personnellement, je suis en partie d'accord avec les idées de Germinal : il faut plus de justice sociale. Mais il y a certaines idées de gauche qui ont des effets pervers. Quand on fait une loi, il faut se demander à quoi elle incitera. Par exemple, pour faire payer beaucoup d'impôts aux riches et peu aux pauvres, on avait créé un impôt sur les fenêtres. Le résultat est que les gens ont muré leurs fenêtres. Il y a le même problème avec les lois contre les licenciements : les entreprises risquent d'hésiter à embaucher, craignant de ne pas pouvoir licencier si nécessaire.
La bonne solution, c'est de faire en sorte que le licenciement ne soit pas un problème. Il faudrait qu'il n'y ait pas un rapport de force entre employés et employeurs aussi défavorable aux employés.
D'autre part, je fais une différence entre mes idées personnelles et la vérité absolue. D'autres que moi peuvent être contre la justice sociale, pour la loi du plus fort, c'est la liberté d'opinion.
- Michel : Il faudrait définir historiquement ce qu'est la droite.
- Hélène : Si un philosophe prend la parole dans un parti de droite, il perd son statut de philosophe.
- Jacques D. :
Vous avez très peu parlé de philosophie. J'aurais aimé entendre le mot "humanisme". On part du principe que le philosophe est humaniste. Manque de bol, Palton, Confucius étaient anti-humanistes, ont dit que l'homme ne vaut pas la peine qu'on s'en occupe, ainsi que Nietzsche et Peter Sloterdick qui attende la venue du surhomme.
Des philosophes anti-humanistes, il y en a eu, ainsi que des philosophes racistes. On arrivera à dire que si quelqu'un n'est pas de gauche ni humaniste il n'est pas philosophe. C'est la dictature. Il ne faut pas non plus dire que les pensées se valent toutes, non, mais il n'y a pas que des bons philosophes. Philosophe = homme de bien, c'est une illusion.
En ce qui concerne le plein emploi, en Hongrie j'ai été dans un self-service où 5 personnes balayaient depuis une heure et demie. Le patron m'a expliqué : "Si je ne suis pas content de quelqu'un, il va au bureau du travail, on lui trouve un autre emploi et on le remplace, mais si je le renvoie trop souvent le bureau du travail n'est pas content.". VOuloir mettre sur un pied d'égalité ceux qui bossent bien et ceux qui bossent mal, ça n'incite pas à bien bosser.
- Louise : En Hongrie, l'économie parallèle fonctionnait.
- Germinal : La philosophie est la recherche de la sagesse.
Celui qui ne met pas en oeuvre la réflexion est coupable de quelque chose.
Gandhi, Luther King, Mandela ont fait évoluer la société.
Je suis intolérant avec les intolérants.
La philosophie doit prendre position.
La philosophie, c'est l'esprit de communauté.
Quand la matière n'est plus culturelle, le matérialisme ne veut plus rien dire. Le matérialisme devient une doctrine. On formate les esprits à l'école.
- Jacques D. : Ca nous éclaire sur le philosophe dont il parle.
Platon disait qu'il faut maintenir le peuple dans l'ignorance. Qu'est-ce qu'on entend par philosophe ?
- Farid : La majorité pense que le système libéral est efficace.
- Jacques D. : Non !
- Farid : Ce qui s'est passé ces dernières années apporte beaucoup d'eau à leur moulin.
Les premières sociétés étaient hydrauliques, le mode de production asiatique.
L'Angleterre a dépassé l'Espagne car la construction navale y était nationalisée.
- Amir : Je suis d'accord avec Germinal pour le partage.Le problème c'est que Germinal donne une définition tendancieuse.
Il définit la philosophie de façon qu'il y a d'emblée une réponse.
Foucault n'était pas anti-humaniste. C'est un anti-humaniste philosophique respectable. (...)
- Jacques B. :
Je n'ai pas dit qu'il fallait mettre sur un pied d'égalité ceux qui travaillent bien ou mal mais ceux qui possèdent le capital et ceux qui n'ont que leur travail à offrir. Je serais favorable à ce qu'on donne des primes à ceux qui travaillent bien.
- Jacques D. : Ca me rappelle Charles Lorient et Jacques Duboin et leur mouvement, l'abondancisme. Selon eux le progrès technique permettra de travailler de moins en moins et de donner un revenu d'existence à tout le monde. On ne serait pas obligé de travailler. Ceux qui veulent gagner plus pourraient travailler.
Le problème avec le RMI est que certains gagnent plus avec le RMI qu'avec le SMIC. Il faut un revenu inférieur à la nécessité. Mais ça ne marche pas non plus. Il y a une contradiction entre mesures humanitaires et incitation à travailler.
- Jacques B. : Ca arrange les employeurs de pouvoir faire pression sur eux en leur disant que s'ils sont trop exigeants, s'ils
travaillent insuffisemment, il y en a d'autres qui attendent pour prendre leur place.
C'est déja un progrès de dire qu'il y a des philosophes de droite, mais j'irai plus loin : peut-on dire que tel philosophe est un homme de bien ou non ? Pour en juger il faut une échelle de valeurs, qui est personnelle, propre à chaque individu. Le problème est qu'on éprouve le besoin de justifier moralement son action en prétendant qu'on la mène au nom d'un bien absolu, comme Georges Bush quand il parle de la lutte des forces du bien contre les forces du mal. Je dis qu'on a le droit de se battre pour ses idées personnelles, sans qu'elles correspondent à un bien absolu.
Il est plus honnête, moins hypocrite, de dire que je me bats pour mes idées et que si je suis le plus fort avec ceux qui les partagent nous gagnerons, c'est la loi de la nature.
- Jacques D. : Se battre ou défendre ? Est-il légitime qu'un fasciste se batte pour imposer le fascisme ?
- Jacques B. : Dans l'absolu, oui.
Je pense que ça répond à Germinal.
- Germinal : Non.
- Jacques B. : Quand tu dis que les idéologues de droite ne sont pas de vrais philosophes, ça sous-entend que tu donnes un statut de vérité absolue à tes idées. Je suis en grande partie d'accord avec ces idées, mais je suis plus modeste, je les considère seulement comme mon opinion personnelle, mais je dis que j'ai le droit de me battre pour elles.
- Louise : On se bat pour la mise en application de ses idées.
- Jacques D. : La récupération des idées ... une idée est quelque chose d'abstrait, je n'y crois pas.
On aime bien se rassurer, faure partager ses idées. (...)
Quand un physicien écrit des théories, on les lit, on en discute, on s'en fout. Mais quand un philosophe écrit sur la vie de l'homme, on se sent touché par ça, la responsabilité du philosophe est plus importante.
- Farid : La majorité n'est pas politisée.
J'ai connu Georges chez Charles Dorient.
Il y a le problème de la fin et des moyens, de l'individu et de la société, des périodes de transition.
Le socialisme, c'est à chacun selon son travail.
- Germinal :
Je ne sais pas ce que c'est que la loi de la nature.
L'école, la laïcité, c'est l'oeuvre de l'homme.
La philosophie est un prolongement biologique avec la pensée.
L'idée prévaut sur le biologique.
Les idées que j'ai énoncées sont des évidences.
Réflexions personnelles
Si les autres disent que leurs idées sont des évidences pour eux, il n'y a plus de dialogue, de confrontation des idées possible.
L'idée est le produit du cerveau qui est un organe biologique.
Il est simpliste de penser que la nature est individualiste (la loi de la jungle) par opposition à l'homme qui serait social. La nature a produit l'apparition de plusieurs espèces sociales.