Café philo du mercredi 17 juillet 2002 au Malevitch à Paris
Sujet proposé par Alain : Le passé contre le présent (Le poids qu'on attribue au passé ne vient-il pas de notre incapacité à réaliser le présent ?)
Animé par Marie-Noëlle
Résumé du débat
- Alain : Le problème de la violence attribuée aux jeunes d'origine algérienne, est-ce le contre-coup de la guerre d'Algérie ?
Quelqu'un qui a réussi son intégration, est-ce qu'il a encore ça dans la tête. Il y a des psychologues qui sont contre l'idée que c'est le passé qui nous conditionne, qu'il faut chercher dans le passé pour comprendre le présent. C'est une impasse. On peut construire sa vie au présent.
- Est-ce qu'un mauvais passé peut conditionner un bon présent ? Peut-on sortir de ce passé pour vivre au présent ?
- André : Est-ce qu'on doit sortir du passé ? Je ne sais pas vraiment.
- Christophe : On ne peut pas réagir par rapport au présent , s'appuyer sur un raisonnement par rapport au passé pour avoir une attitude présupposée. Le présent fait notre devenir.
(...)
- Yann : Le refus de l'autorité c'est parce qu'on les empêche de vivre comme ils veulent. Ils ont du mal à trouver du travail, ils développent leur propre structure, le trafic de drogue. On les en empêche.
- Emma : Le passé est important pour savoir où je vais.
(...)
- Emma : Le passé conditionne le présent.
- Juliette : Ca fait partie de l'histoire de la société
- Aurélie : On est un peu trop dans le passé.
- Raymond : Il faut savoir ce qu'est le passé, le présent. Le présent à chaque seconde devient passé. Le passé individuel, social, médical... Qu'est-ce qui importe le plus ?
- Lucie : L'engouement pour le passé, les brocantes... on se réfugie dans le passé pour éviter de créer quelque chose.
- Dominique : Le passé peut être un refuge, une protection contre le présent et l'avenir. La digestion ou l'indigestion du passé... l'histoire est-elle utile pour comprendre le présent ?
Les mythes des origines assoient les institutions.
En France le poids du passé est puissant.
- Roland : Rien n'est pire qu'un souvenir de bonheur un jour de malheur. La seule façon d'être heureux est de se souvenir qu'on a été malheureux. Le passé est une diversion du présent. Les calembredaines de Freud ont envahi la pensée. Le passé est l'absence.
- Alain : Le passé sert à ne pas assumer le présent, ou le passé conditionne le présent...
- Christophe : Si on part d'a priori c'est plus simple à étayer. Qu'est-ce qui est un bon ou un mauvais choix ? On ne peux pas le définir.
(...)
- On ne peut pas balayer ce qui s'est passé. Comment être disponible dans le présent ?
- Juliette : Comment on tolère son passé ?
- Roland : Le vainqueur a déja ratatiné le vaincu, il faut dire que l'autre est un salopard ? Le vaincu non seulement est ratatiné mais est culpabilisé. Je trouve ça odieux.
- Christophe : Les intellos ont critiqué ce qui se passait à leur époque. La liberté est balayée par le principe selon lequel il y a des choses acceptables ou pas. La définition de l'acceptable est passée comme loi. (...)
- Dominique : Le mythe de l'origine, le passé présenté comme création du monde par Dieu qui nous impose sa loi est une dictature des valeurs.
- Christophe : Plus le passé est lointain, plus il est caricaturé. Ca justifie des exactions.
- Geneviève : Le temps est un concept philosophique créé par l'homme pour lutter contre la finitude.
- Aurélie : Le mal d'être nous empêche de nous projeter dans l'avenir.
- Mireille : La temporalité est une fiction, on pense toujours au présent.
- Marc : Le prisonnier est considéré toujours coupable même s'il a réparé.
- Jacques B. : On peut imaginer que l'univers a été créé il y a quelques minutes avec des souvenirs fictifs placés dans nos têtes.
Soit on considère que les relations entre hommes, entre sociétés doivent être régis par des règles morales communément acceptées, soit on considère que c'est la loi du plus fort et dans ce cas il est légitime que le plus faible se défende comme il peut.
Les limites de la liberté d'expression posent un problème : est-ce qu'on n'a pas d'arguments pour répondre pour devoir utiliser des "arguments" législatifs ?
- Dominique : Le pouvoir est assis sur le passé. L'avenir est fonction de la reproduction du passé. Le retour vers le passé est la peur de l'inconnu.
- Roland : A partir d'une position claire passé / présent, il s'est greffé une autre opposition pasé culturel / passé vécu, ce n'est que masquer le dialogue entre soi et un autre. C'est un système qui répète des situations psychologiques où on arrive à discuter le vrai et le faux passé. C'est un envahissement épouvantable de la psychologie.
- Marc : Le passé peut-il faire trop plein par rapport au présent ? Comment se libérer du passé ?
- Christophe : Pour établir un choix, il faut a priori qu'on s'appuie sur le passé. Choisir ceci cela (...) Si un jour je manque d'allumettes faut-il toujours prendre des grosses boîtes ? (...)
La notion de peuple, il faut la mettre de côté. Se sentir partie prenante d'un peuple est absurde. On peut vivre sans passé. Des gens vivent sans passé. Ils ressentent tout pour la première fois. La charge émotionelle est toujours la même.
- Marie-Noëlle : L'innocence retrouvée.
- Geneviève : On a un devoir de mémoire et un devoir d'agir pour le futur. (...) Le psychologue fait aussi des mythes.
- Dominique : Les vainqueurs écrivent l'histoire, c'est vrai, mais le pouvoir assis sur le passé ça va plus loin.
Qu'est-ce que le passé, c'est la connaissance.
le pouvoir nécessite la connaissance. Pour prévoir il faut savoir.
- Roland : Ou on est dans l'action, ou on est dans le passé.
Lors du pacte germano-soviétique, Staline a dit : "Ca fait 10 ans qu'on se jette des seaux de boue, ça ne va pas nous empêcher de nous entendre.
Quand on est dans le futur, le passé n'existe plus.
- Julien : Je n'ai pas compris la différence entre passé culturel et passé vécu.
- Roland : On se met dans une situation de dialogue, l'un invoque un passé et l'autre l'autre passé.
- Dominique : Le passé n'existe pas pour qui est tourné vers l'avenir. Les grecs n'avaient pas d'historiens. Le modèle du peuple antique orienté vers la conquête ne s'intéresse pas au passé. On reconstruit l'histoire, le passé.
- Christophe : (...) Jusqu'où peut-on mettre la culpabilité de soi par rapport au passé ?
(...)
- Geneviève : Le pouvoir est au centre du débat.
- Farid : Il faut s'intéresser au passé. Nous sommes le produit du passé. Les plus beaux souvenirs sont ceux qu'on invente.
Il faut avoir une vision claire du passé pour avancer.
(...)
- Dominique : On repeint le passé aux couleurs de l'espérance.
(...)
- Juliette : Le passé c'est l'espérance, les valeurs.
- Betty : Le passé conditionne le présent, le présent conditionne le passé que nous ne pouvons voir qu'avec les yeux du présent.
- Emma : Le futur, le passé n'existent pas, ils peuvent s'inventer. Pierre Loti a vécu comme un turc.
- Yann : Il faut vivre avec son temps
(...)
- Christophe : Ce qui m'intéresse c'est le présent
- La culture c'est ce qui reste quand on a tout oublié.
- Jacques B. : Il faut tirer les leçons du passé.
(...)