Synthèse
La question peut être vue soit au sens propre de navigation maritime, soit dans un sens
plus général de voyage, soit dans un sens figuré de changer de vie,
"voyager dans sa tête", changer spirituellement.
Ce sujet divise les participants tant sur l'utilité de "naviguer" dans ces différents
sens que sur les conditions de ce choix : pour Gino il faut avoir le courage
de lever l'ancre et de partir, pour Samir il faut une grande motivation
pour quitter la sécurité du port ou l'on est ancré. Pour Jacques B. au contraire
s'il faut une grande motivation c'est qu'on a de fortes raisons de rester, et on peut
se demander dans ce cas s'il ne vaut pas mieux rester; l'idéal c'est de partir
parce qu'on n'a aucune raison de rester et de nombreuses raisons de partir, on n'a alors
pas besoin de faire un effort de volonté, on part tout naturellement parce que c'est
ce qu'on a de mieux à faire. On a ainsi une vie plus riche composée d'une suite
de tranches de vies dans différents ports, ce qui permet d'échapper à la monotonie
qui nous menace après quelques dizaines d'années dans la même ville, avec les mêmes
personnes, le même travail, le même mode de vie.
Guy a contesté ce point de vue en disant que larguer les amarres ne lui a pas servi à grand chose, on risque de perdre ses repères, ses racines, et de s'appauvrir plus que de s'enrichir. Samir et une participante ont ajouté qu'on n'a pas besoin de voyager physiquement pour voyager "dans sa tête". Jacques B. a objecté l'importance des relations sociales qui sont différentes d'une ville à l'autre, chaque ville ayant sa "personnalité" propre tout comme chaque individu, et la ville où l'on se trouve être né par hasard n'est pas nécessairement la plus adaptée à sa personnalité. Raymond a signalé un cas inverse : les gens du voyage, qui se déplacent constamment physiquement mais gardent la même vie, le même métier, fréquentent les mêmes personnes.