Café philo du mercredi 22 aout 2001 au Malevitch à Paris
Sujet proposé par Michel T. : Il est difficile de naviguer si l'on garde l'ancre
Animé par Claude

Synthèse

La question peut être vue soit au sens propre de navigation maritime, soit dans un sens plus général de voyage, soit dans un sens figuré de changer de vie, "voyager dans sa tête", changer spirituellement.
Ce sujet divise les participants tant sur l'utilité de "naviguer" dans ces différents sens que sur les conditions de ce choix : pour Gino il faut avoir le courage de lever l'ancre et de partir, pour Samir il faut une grande motivation pour quitter la sécurité du port ou l'on est ancré. Pour Jacques B. au contraire s'il faut une grande motivation c'est qu'on a de fortes raisons de rester, et on peut se demander dans ce cas s'il ne vaut pas mieux rester; l'idéal c'est de partir parce qu'on n'a aucune raison de rester et de nombreuses raisons de partir, on n'a alors pas besoin de faire un effort de volonté, on part tout naturellement parce que c'est ce qu'on a de mieux à faire. On a ainsi une vie plus riche composée d'une suite de tranches de vies dans différents ports, ce qui permet d'échapper à la monotonie qui nous menace après quelques dizaines d'années dans la même ville, avec les mêmes personnes, le même travail, le même mode de vie.

Guy a contesté ce point de vue en disant que larguer les amarres ne lui a pas servi à grand chose, on risque de perdre ses repères, ses racines, et de s'appauvrir plus que de s'enrichir. Samir et une participante ont ajouté qu'on n'a pas besoin de voyager physiquement pour voyager "dans sa tête". Jacques B. a objecté l'importance des relations sociales qui sont différentes d'une ville à l'autre, chaque ville ayant sa "personnalité" propre tout comme chaque individu, et la ville où l'on se trouve être né par hasard n'est pas nécessairement la plus adaptée à sa personnalité. Raymond a signalé un cas inverse : les gens du voyage, qui se déplacent constamment physiquement mais gardent la même vie, le même métier, fréquentent les mêmes personnes.

Sujet de la semaine prochaine

Est-il lâche de refuser de s'engager ?