Café philo du samedi 6 juillet 2002 au Voltigeur à Paris
Sujet proposé par Christophe : Quelles sont les limites de l'individu ? Ces limites sont-elles une utopie ?
Animé par Marie-Noëlle
Résumé du débat
- Les limites sont variables, elles peuvent être abolies
- Chacun son paradis.
- Amir : Les animaux ne peuvent pas créer, ils n'ont pas d'historicité.
Comment définir les limites ? Il y a le droit naturel, limite verticale, et la limite horizontale de la société où nous vivons.
- Larry : Che Guevara pour moi a été un surhomme.
On les admire sans nécessairement vouloir les suivre.
- Georges : Au Bengladesh, sur des millions, 2 peuvent devenir brillants. La pensée vient de l'inné, non de l'acquis.
- Christian : Dans la liberté il y a au moins deux concepts : la liberté extérieure et la liberté intérieure.
- Pascal : Si tu dis "Puis-je légitimement dire "je"" c'est la négation de la liberté. Tu te perfectionnes, le perfectionnement est la négation de la liberté. Ce que tu perfectionnes c'est les limites.
- Evelyne : Je voudrais savoir ce qu'est une limite.
- Georges : Une barrière posée par la nature et la société qu'on ne peut pas franchir.
- Evelyne : Ce que j'appelle limites ce sont les repères, ça peut se laisser quand on fait une psychanalyse ou du bouddhisme. On en retrouve d'autres. Les limites c'est la liberté. Quand on n'a pas de limites on va en prison comme les sauvageons. Même les plus perturbés ont des limites. Après 68 il y a eu un contrecoup de rigidité.
- Françoise : Un chien n'a pas de projet. Les animaux n'ont pas d'instinct. Les sociétés qu'on connait ont des limites. Ces normes, on peut les remettre en question, par exemple par l'art.
- Dominique : L'homme s'est permis de repousser les limites sur le plan de la nature, il est d'une voracité destructrice. Il repousse les limites de la connaissance.
- Larry : Le Bengladesh est une entité artificielle, la moitié musulmane du Bengale.
Dans mon pays les chats étaient des divinités.
Larry raconte une histoire sur la trajectoire spirituelle d'Alain Delon au Potala
- Christian : Ce sujet est difficile à cause des mots mal définis.
Puis-je légitimement die "je" ? :
- Est-ce que "je" existe ?
- Est-ce que je peux légitimement dire "je fais ceci, celà" ? ou "ça fait ceci, celà" ? Autre façon de dire : est-ce que je suis libre de faire ceci, celà ?
- Christophe : Cette question du "je" est la finalité des limites.
- Pascal : C'est une illusion psychologique de séparer limite et je. Les limites définissent le je et le je définit ses limites.
Quand on dit "Moi, je vais travailler sur moi, je peux dire "je"", c'est une prison perfectionnée. La question n'est pas d'être intégré, c'est d'être intègre, honnête, et non juge et partie en fonction d'une valeur qu'on se choisit. Il y a un balancement entre révolte et conformisme.
- Jacques : Je ne suis pas d'accord. On veut justifier ses actions au nom d'un bien absolu mais les critères du bien sont subjectifs. Il est légitime et plus honnête, moins hypocrite de dire qu'on se bat pour ses valeurs personnelles.
- Georges : Le droit de vivre est un principe fondamental de l'animal, sa limite est l'instinct. La limite de l'homme est sa volonté, son intelligence.
- Dominique : On a beaucoup de mal à rester dans le général. Le sujet est maladroit parce que trop vaste. L'individu crée un rapport dominant - dominé et se multiplie. (...)
- Marie-Noëlle : A quel moment la limite devient-elle insupportable ?
Comment en sortir ?
- Christophe : Un individu se construit au contact avec les autres.
- Marie-Noëlle : Est-ce que vous souffrez d'être limité ?
- Amir : CHristophe dans son introduction nous invite à réfléchir à la dimension temporelle. (...)
La position dominante, l'individualisme sans limite à mon avis conduit au choc des égoïsmes, au chaos.
- Je ne vois pas le néo-libéralisme tellement conquérant.
Pour vivre longtemps je fréquente des jeunes, je n'ai noi voiture, ni télévision, ni portable, marcher beaucoup, manger peu, surtout peu de viande, manger des tomates cuites, des myrtilles.
- Evelyne : "Je peux dire "j"" alchimie par rapport à tout ce que tu vis, subjectivité créée par tes expériences.
- Je fais partie d'une génération qui a reçu une certaine éducation où on explique qu'on fait partie d'un monde dans lequel il faut se fondre. Il y a des plus jeunes qui viennent d'ailleurs qui vivent leur être différemment, au centre d'un monde qui est le leur.
(...)
- Françoise : La barbarie est une limite. Il ne faut pas avoir la mémoire courte. Les mécanismes de mondialisation sont une limite. "Je est un autre" disait le poète Rimbaud. Les manipulations génétiques sont une limite de l'individu.
- Pascal : Est-ce qu'on peut traiter les questions humaines sans s'appuyer sur la notion de limite, de valeur ? Etre en accord avec sa propre subjectivité qui concerne un groupe ?
(...)