Café philo du vendredi 7 novembre 2003 à Paris
Sujet proposé par Jacques B. : Est-on plus libre quand on est conscient de ce qui nous détermine ou quand on n'en est pas conscient ?
Animé par Jacques Diament
Vote du sujet
- 8 Le couple est-il un piège ?
- 9 Est-on plus libre quand on est conscient de ce qui nous détermine ou quand on n'en est pas conscient ?
- 2 La philosophie fait-elle connaître la vie ?
- 5 Le stress rend-il agressif ?
- 4 Les autres reçoivent-ils l'image de soi qu'on veut donner ?
Extraits du débat
- Jacques B. : Si nous sommes partiellement déterminés, avec une marge de liberté, on est plus libre quand on est conscient de ce qui nous détermine, mais si on est totalement déterminé, on se sent plus libre si on n'est pas conscient de cette détermination, mais c'est une illusion de liberté.
- Anne : Il faut de dégager des déterminations qui nous entravent en en prenant conscience.
- Georges : Je préfère parler de conditionnement.
- Nanou : On est déterminé par l'éducation, la culture, les gènes. Le fait d'en être conscient permet de nous en dégager.
- Marie-Paule : Il y a 2 thèmes : est- on déterminé, et qu'est-ce que la conscience de notre détermination apporte dans notre impression de liberté. La part de liberté peut surgir au-delà des déterminations si on en est conscient. Si on n'en est pas conscient on a l'impression d'être libre.
- Dominique : Il n'y a pas de détermination sauf en nous-même. Connais-toi toi-même. La conscience est réductrice de l'inconscient qui est plus riche, qui est la vraie connaissance. L'inconscient nous rend libre. Ce qui est libre c'est l'expression qui jaillit de l'inconscient.
- Jacques D. : Presque tout le monde considère que, qu'on soit déterminé ou non, il vaut mieux en être conscient.
- Jacques B. : Si on est conscient des déterminations qui voudraient nous faire prendre une certaine direction, et qu'on tente d'y échapper pour prendre une autre direction, qu'est-ce qui nous fait choisir cette direction ? N'est-ce pas une autre détermination ? Une détermination contre une autre ?
- Dominique : L'inconscient c'est nous, ce n'est pas une fonction extérieure.
- Jacques D. : "Si on a l'illusion de la liberté on peut se conduire librement" c'est idiot.
- Jacques B. : Ca pose la question de la limite entre l'intérieur et l'extérieur du moi.
- Jacques D. : La détermination vient-elle nécessairement de l'extérieur ?
- Jacques B. : Si elle vient de l'intérieur, alors échapper à sa détermination serait renoncer à sa propre nature. Est-ce souhaitable ?
- André : Je ne crois pas qu'on ait une personnalité. Si nous sommes libres, Dieu n'est pas tout puissant.
- Anne : Je dois me dégager de ce qui je suis pour trouver ma singularité. "Deviens ce que tu es" disait Nietzsche. C'est un travail sur soi.
- Dominique : Quand on dit que quelqu'un est déterminé à faire quelque chose on considère qu'il est libre. La philosophie ne fait pas connaître la vie. La liberté ce n'est pas le choix. Le choix est le piège de la liberté. Ca veut dire qu'on a plusieurs possibilités mais on n'en a pas une infinité, plusieurs chemins mais ces chemins sont déterminés. La liberté c'est la création, quand on fait son chemin, et non pas quand on choisit son chemin.
- Georges : Quand on lutte contre la détermination elle se renforce.
- Celui qui a le plus de pouvoir, c'est celui qui parvient le mieux à synthétiser les attentes de son entourage.
- Jacques D. : Est-on libre quand on est esclave de ses passions ?
- Jacques B. : Quand on fait son chemin ça ne prouve pas qu'on le fait librement.
"Deviens ce que tu es" c'est absurde car on est déja ce qu'on est, on n'a pas besoin de le devenir. Ca suppose qu'on aurait une fausse nature et une vraie nature. Qu'est-ce qui permet de distinguer ce qui est du domaine de la fausse nature de ce qui est du domaine de la vraie nature ? Au nom de quoi la vraie nature serait-elle plus authentique que la fausse nature ? Si la fausse nature vient de déterminations extérieures, d'où vient la vraie nature ?
- Le déterminisme inclut le conditionnement et les déterminations biologiques, génétiques.
- Dominique : J'ai fait une analyse. C'est un mot faux. On n'analyse pas, on revit. C'est une enquête, un travail de l'émotion. C'est dur quand on perd des idées de soi-même. Quand on abandonne on devient libre, on se suscite en soi quand on a fait ce nettoyage du mauvais travail de la conscience pour faire surgir ce qui est du domaine de l'émotion, l'amour.
La réalité n'est pas une série d'objets mais une continuité phénoménale. Il faut y adhérer avec ce qu'on a de singulier.
- Jacques D. : Adhérer à ce qui est est un renforcement du déterminisme.
- Dominique : Le zen, le geste du samouraï délivre de la peur et de la détermination. Des facultés se réveillent qui permettent de sentir avant l'agression et de réagir.
- Nina : Pourquoi cette obsession de la liberté de l'homme moderne ? Le samouraï est très bien conditionné, heureux dans son conditionnement. La détermination, le conditionnement sont perçus comme mauvais. Je dis que c'est une très bonne chose.
- Jacques D. : Quand on prend conscience on ne peut plus faire comme avant.
- Dominique : La liberté, la conscience n'existent pas. La libération existe. L'analyse, si elle agit, c'est parce qu'elle permet de libérer les émotions et se détacher par l'expression. Tout est action, rien n'est état.
- Anne : "Deviens ce que tu es" : on est en création continue.
- Jacques D. : Un écrivain qui écrit à partir de 50 ans, avant 50 ans il était déja écrivain. "Deviens ce que tu es" signifie "Réalise ta nature profonde".
- Jacques B. : C'était un débat intéressant qu'on pourrait prolonger par d'autres débats tels que :
- Etre libre, est-ce suivre sa nature ou s'en dégager ?
- Avantages et inconvénients de la liberté
- Que signifie "Deviens ce que tu es" ?