Café philo du vendredi 14 septembre 2001 au Relais Russieu à Paris
Sujet : Recourir au langage, est-ce renoncer à la violence ?
Animé par Jacques D.
Choix du sujet
- Quel peut être le rôle de la philosophie à l'avenir ? 6, 8, 7
- Toutes les civilisations sont-elles mortelles ? 3
- Qu'est-ce que la connerie ? 4
- L'essentiel est de s'aimer. 3
- Recourir au langage, est-ce renoncer à la violence ? 6, 8, 9
- Un couillon qu'est-ce que c'est ? 3
- La philosophie comme la musique adoucit-elle les moeurs ? 5
- Le malheur des autres nous aide à vivre. 2
- Les bons et les méchants. 5, 7
- Eclatons-nous le plus possible avant que la planète n'éclate. 5
Présentation
Un être raisonnable ne doit pas se laisser emporter par la colère, doit faire preuve de modération. Il faut cerner à qui on a affaire, un impulsif ou un intolérant. Si c'est un intolérant, il faut rester évasif. Si c'est un impulsif, il faut rester ouvert au dialogue.
Tour de table
- Pierre : Pour d'autres, c'est le commencement de la violence.
- Farid : Ca peut diminuer la violence.
- Michèle : On peut être très dur dans le langage.
- Robert : La paix est la guerre des idées.
- Jean : Le langage peut être violent.
- Guy : Il y a de la violence dans les cafés philo.
Derrida s'est senti agressé par Lacan.
Si la liberté ne peut s'exprimer, il y a de la violence par rapport à la négation de certaines idées.
- Les mots sont les pires des maux.
- Marie-Paule : La violence existe chez les animaux, pas le langage.
- Jacques D. : Qu'est-ce qye la violence ? Le brouhaha, l'autorité, la contrainte ?
Quelque chose peut être ressenti par quelqu'un comme violent et par quelqu'un d'autre comme non violent.
Résumé du débat
- Pierre : Le langage est souvent mal interprété.
- Jacques D. : Ceux qui on peu de langage s'expliquent plus facilement par les coups.
- Simone : Un enfant qui n'a pas acquis le langage est violent. Les jeunes de banlieue ont peu de langage et sont violents.
- Henri : La violence commence à partir de la moindre manipulation. Pour pouvoir exprimer des nuances d'émotion, on a besoin de vocabulaire.
- Jacques D. : En Espagne il est normal de se parler de façon violente. Chez les jeunes il y a une usure de l'agressivité des mots. Ca peut causer une incompréhension avec les adultes. On inculque de force le respect aux jeunes.
- Marie-Paule : Au lieu d'interdire à un enfant de toucher le fer à repasser, on peut le laisser le toucher quand il est un peu chaud. Au lieu de l'obliger à dire bonjour, on peut lui répéter souvent qu'il faut dire bonjour.
- Jacques D. : L'interdiction provoque une résistance.
- Michèle : C'est l'expérience qui compte. Défendre n'est pas bien. Ceux qui ne parlent pas sont les plus violents.
La violence est un potentiel qu'on a en nous.
- Jacques B. : J'ai travaillé dans une entreprise en Suisse où on nous a dit : ici on est convivial, on dit bonjour en arrivant. Il y avait un rituel, quand les employés arrivaient ils faisaient le tour de tous les bureaux pour dire bonjour. Un jour je me suis fait engueuler parce que je n'avais pas dit bonjour dans un bureau. J'ai l'impression que c'est pour surveiller qu'on arrive à l'heure.
Les tags sont un exemple de quelque chose qui est ressenti comme violent par certains et pas par d'autres. Je préfére un mur couvert de tags à un mur tout gris.
- Constance : Les mots s'usent. On négocie, la guerre est la continuation de l'échec. Si on se tait, le voyou ne peut pas frapper.
- Guy : La violence c'est pisser pour marquer son territoire.
- Il faut s'écouter soi pour écouter les autres.
(...)
- Constance : On dit qu'il ne faut pas contraindre l'enfant, mais c'est la contrainte qui le constitue, lui apprend à réfléchir pour contourner l'interdit.
- Jacques D. : Quand on n'écoute pas, la parole ne sert à rien. La contrainte serait formatrice. On peut se former en sachant qu'il y a des limites. Sans contraintes on cherche les limites, on ne les trouve pas, on dévie.
- Jean : La violence commence là où le langage est à bout d'arguments rationnels, lorsque la raison capitule la passion l'emporte. Le langage peut éclairer la pensée.
- Michèle : Le respect arrange tout.
- Jacques D. : Parfois la parole sert à obtenir quelque chose. Si on ne peut pas on en vient aux arguments frappants.
- Pierre : La parole ne sert à rien car on n'écoute pas.
Le langage présente un risque de confusion. Recourir au langage ne sert à rien. Il faut éviter de parler.
- Jacques D. : Autant frapper tout de suite.
- Pierre : On comprend l'inverse de ce que je dis.
- Guy : Le problème de la soumission : il faut savoir si on est soumis ou insoumis. Trop d'ouverture aboutit à la fermeture parce qu'il y a le totalitarisme.
- Enza : La violence se traduit différemment, peut stimuler ou abêtir. Pour Nietzsche, il y a le côté dionysiaque et le côté apolloniaque.