Café philo du dimanche 10 novembre 2002 au Bastille à Paris
Sujet proposé par Pascal : L'honnêteté est-elle un symptôme de pathologie ?
Animé par Christian de Beaumont et Claudine
Vote du sujet
- 8 Le moi est-il haïssable ?
- 7 Pas tout tout de suite
- 5 Serge : Tout ce qui n'est pas musical est raté
- 5 Serge : Voulez-vous enregistrer le café philo ?
- 11, 10 Jacques D. : "Le simple n'est pas dans la nature, c'est l'homme qui le fabrique".
- Claudine : Pour savoir lire, faut-il savoir vivre ?
- 11, 13 Pascal : L'honnêteté est-elle un symptôme de pathologie ?
- 4 Dimitri : Qu'est-ce qu'une révolution philosophique, vit-on une révolution philosophique ?
Résumé du débat
- Pascal : L'honnêteté est considérée souvent, sans le dire vraiment, comme se faire avoir. Dans les pays asiatiques, il ne faut pas perdre la face. Accepter de ne pas se faire avoir, n'est-ce pas la porte ouverte à la corruption, pas nécessairement financière, l'obéissance, la soumission à un dictat autoritaire. Est-ce que être réaliste n'est pas participer à la folie ?
- Serge : Est-ce que l'honnêteté est une valeur universelle ?
- Marthe : L'honnêteté est une valeur morale, l'estime de soi, l'honnêteté par rapport à soi.
- Jacques : Quelle morale ? La nature humaine c'est la lutte pour la prépondérence. Pourquoi séparer l'homme de ce qu'il peut ?
- Il faut être agneau avec les agneaux et loup avec les loups.
- Jacques D. : Pour Epictète, mieux vaut faire le bien que rechercher la vérité. Un homme politique peut considérer que pour faire le bien il doit mentir. Mais le plus souvent, l'honnêteté paye.
- Il y a une honnêteté pathologique, l'hyper-scrupule, quelqu'un qui porte au commisariat une pièce de monnaie qu'il a trouvé dans la rue.
Ceux qui sont trop honnêtes sont persécutés.
- Ca peut être honnête de ne pas payer son ticket de métro si on suit une ligne libertaire. Ceux qui posent des bombes peuvent aussi être honnêtes avec eux-même.
- Christian de Beaumont : Il faut respecter les règles établies de la société.
- Pascal : Il y a un problème quand il y a conflit d'intérêt, division. Il est malhonnête de chercher un terrain d'entente, ça entretient la division.
La tolérance est de l'intolérance rendue supportable.
- Christian de Beaumont : Georges disait qu'il n'y a de hiérarchie que de conscience.
- Farid : On s'arrange pour choisir la morale qui nous convient. Si on considère que les noirs sont des êtres inférieurs, on peut les asservir.
- Christian C. : On ne peut pas dire que le bien est plus important que la vérité. Chacun a sa notion de bien. Il faut chercher la vérité du bien.
- Jacques B. : Je suis d'accord avec Jacques D. , le bien est plus important que le vrai, même s'il y a différentes conceptions du bien, chacun a le droit de se battre pour sa conception du bien. Je suis aussi d'accord qu'il faut être agneau avec les agneaux et loup avec les loups. Il faut être honnête avec les gens à priori mais à partir du moment où ils sont malhonnêtes on peut se sentir autorisé d'être malhonnêtes avec eux pour ne pas se faire avoir. En poussant cette idée à l'extrême, on peut justifier le fait de poser des bombes, non pas les attentats aveugles mais les attentats ciblés : si un attentat contre Hitler avait réussi, est-ce que ça n'aurait pas été un moindre mal ? Les nazis disaient qu'ils n'ont fait qu'obéir aux ordres. Il faut savoir transgresser les règles établies et suivre sa morale personnelle.
- Christian de Beaumont : La quête du bonheur est paramétrée par la quête d'un bien universel archétypique. Le bien public, on s'en fout. On ne peut laisser définir chacun pour soi ce qu'il appelle le bonheur. C'est une aspiration dégagée de quelqu'un vers quelque chose qui le dépasse.
- Christian C. : Les nazis poursuivaient le bien.
- Pascal : Est-ce que la notion de conception n'est pas une porte ouverte sur la malhonnêteté ?
- Jacques : Il y a le bien et le mal ensemble.
- Pascal : Une opinion répandue est que tous les hommes sont différents. Est-ce que ce sont vraiment des différences ou des divisions ?
- Frédéric : Pascal propose que l'honnêteté est subversive.
Pour être honnête il faut très bien se connaître, et accepter la relativité de son point de vue. Trop d'honnêteté tue l'honnêteté.
(...)