Café philo du mardi 30 août 2005 à la Maison de la Philosophie à Toulouse
Sujet : Le hasard nous fait-il progresser ?
Résumé de la présentation d'Eric Lowen
Le hasard c'est ce qui n'est pas causé par le déterminisme, ce qui est contingent, qui aurait pu ne pas être, un évènement non prédictible par une loi ou une nécessité. Le hasard est non prévisible. Il y a des futurs possibles. C'est dérangeant.
Le sujet du débat est le hasard par rapport à la psychologie : comment nous réagissons au hasard. On a des stratégies pour contourner le hasard : la divination, l'ornithomancie, l'oniromancie, la voyance, les médiums, le channeling, le yi king, les feuilles de thé, le marc de café, la boule de cristal, la chiromancie, la cartomancie, le déplacement des araignées, l'oracle de Delphes.
Kepler a découvert que les orbites des planètes sont des ellipses qui sont des cercles imparfaits. On attribuait la perfection au domaine céleste.
Le hasard était considéré comme négatif. Et si le hasard avait une utilité dans notre existance ? Que serait une vie sans hasard ? Imaginez que vous savez tout ce qui va arriver demain, tous les jours. Sans hasard pourrait-il exister quelque chose ?
Résumé du débat
- Jacques : Je me demande quel est le rapport entre hasard et libre arbitre. Le libre arbitre, s'il existe, est-il dû au hasard, ou bien pourrait-il être quelque chose d'autre échappant à la fois au déterminisme physique et au hasard ?
- Le hasard est hasard jusqu'à ce qu'il arrive. Après coup on lui trouve une signification.
- Laurent : "Le hasard fait bien les choses".
- Geneviève : Quand on fait une constatation d'un évènement ce n'est déja plus du hasard. Quand on lui donne un sens ce n'est déja presque plus.
- Eric : Vous voulez éliminer le hasard. Nous voulons intégrer cela dans une vision de l'univers. Je prends un évènement qui me paraît significatif.
- Marie-Christine : Si je savais quelque chose qui va arriver je saurais changer cette chose, ça implique que j'ai un libre arbitre.
- Jacques : C'est incompatible. Il faut faire une différence entre le vrai hasard et le faux hasard qui n'est qu'une méconnaissance des lois ou de l'état du monde.
- Eric : Si on a plus de 3 corps le système est chaotique.
- Geneviève : L'aspect ludique serait supprimé. On serait dans un monde robotisé, violent.
- Eric : L'espérance est un pari par rapport à l'avenir. Dans notre société quel est le lieu où le hasard n'a pas de place ?
- L'homme a besoin d'aventure sans péril.
- On a un désir de connaissance, repères, régularité, et de non enfermement, de rêve.
- Laurent : Aujourd'hui le hasard a moins de place que dans le passé.
- Nicole : La limite entre la mythologie et la religion laisse place à je ne sais quoi. En tous temps l'homme par les mythes a voulu expliquer.
- Hans : La société refuse le risque. Il y a une telle sécurité. En 1910 à Caen la mer a gelé sur 3 km.
( pause )
- Eric : Dans nos sociétés quels sont les lieux où on a tout fait pour éliminer le hasard ?
- Dans les centrales nucléaires. Le pape a reçu un prètre intégriste. On a les réponses avant les questions.
- Jacques : dans les prisons.
- Geneviève : à l'hôpital psychiatrique, l'armée, le couvent.
- Eric : Les monastères.
- Geneviève : Un prisonnier disait : "En prison j'ai appris à fabriquer mes rêves". En plus il contraint ses rêves. Est-ce que la liberté n'est pas phagocytée ?
- Hans : On confond le risque et le hasard. On refuse l'idée du clonage humain, pour un motif moral, religieux ou la trouille.
- Eric : "Le meilleur des mondes" d'Aldous Huxley. Est-ce qu'il y a du hasard dans cette société ? Il n'y a pas beaucoup de hasard dans l'utopie. Quand le hasard intervient ça fait capoter le système. Dans le langage courant l'utopie est ce qu'on pense impossible. Tout est fait pour écarter tout ce qui peut changer l'ordre.
- Eric : En conclusion, quels seraient les éléments positifs que vous attribueriez au hasard ?
- Un grain de sable qui oblige à sortir du ronron.
- On est obligé d'être ici et maintenant plutôt que dans une pensée qui planifierait le réel.
- Hans : La source du progrès est le point de rencontre entre l'évènement et l'intelligence qui permet de comprendre le mécanisme et le profit qu'on peut en tirer.
- Jacques, l'espoir d'avoir un coup de chance.
- Eric : Selon Parménide, tout se fait par le jeu du hasard et de la nécessité.
- Geneviève : Le hasard est positif, le destin est négatif.
- Eric : Le destin c'est l'antithèse du hasard, l'ordre métaphysique, la divinité.
- Geneviève : Qu'est-ce qui ferait qu'on n'a pas de libre arbitre ?
- Jacques : La physique quantique est probabiliste.
- Eric : Retenez ce mot : Sérendipité, qui vient de l'ancien nom de Ceylan : Sérendipe. C'est l'aptitude de l'inteligence face à une situation imprévue (par exemple Pasteur, la pénicilline, le camembert) à se poser la bonne question pour valoriser ce hasard. C'est nous qui progressons en exploitant le hasard. La sérendipité est la forme noble de l'intelligence.
- Nous fertilisons le hasard.
- A partir du chaos on crée de l'ordre.