Café philo du mercredi 20 février 2002 à L'Arobas à Nice
Sujet : Individu et société, peut-on confirmer que hors du groupe il n'y a point de salut ?
Animé par Eve Depardieu.
Résumé du débat
- Eve : Qui peut se vanter de vivre hors du groupe sans avoir besoin de son aide, sans y trouver le moyen de se faire valoir ?
L'individu solitaire, qui se démarque, le marginal, l'original est un mythe pour le groupe. On en rêve ou c'est l'individu à abattre. On admire ses qualités ou il devient menaçant pour l'ordre du groupe. Mais le solitaire peut rêver d'une vie en groupe.
- Kiko : Je déteste les groupes. Ils servent à nuire aux autres.
- François : Qui peut dire hors du groupe point de salut ? Max Stirner l'a dit, on peut vivre hors du groupe.
- Kiko : On se réunit pour être plus fort que les autres.
- On parle beaucoup de société, mais qu'est-ce qu'une société ?
- On a fait une expérience en Suède, on a élevé 50 bébés sans leur parler, ils n'y ont pas survécu.
- Jacques : Il y a différentes façons d'être dans un groupe : pleinement intégré en adhérant à un projet, un idéal commun, ou avec de simples rapports d'échanges, commerciaux ou de travail. Certains ont besoin d'être intégré à un groupe, d'autres ont trop d'indépendance d'esprit pour cela. Certains groupes exigent de leurs membre une certaine intégration, d'autres sont plus souples et laissent plus de liberté aux individus. C'est une question politique. Dans un débat, un homme politique de gauche disait que les immigrés doivent simplement respecter la loi, son interlocuteur de droite disait qu'ils doivent respecter la loi et nos coutumes.
- Hervé : Il peut y avoir plus de salut hors du groupe que dans le groupe pour certaines personnes.
- Maurice : L'individu n'est pas vraiment libre d'adhérer à tel groupe. Aucun individu ne ressemble à son voisin. Les différentes cultures font que l'origine d'un individu est unique. On n'a pas choisi de naitre français, de naitre agriculteur... c'est vrai aussi au niveau des idées.
- Kiko : On s'organise pour agresser les autres.
- François : Il va de soi que personne ne peut être seul, mais il y a une différence entre l'individualisme et le grégarisme. En prison vaut-il mieux être seul ou avec d'autres détenus ?
Je ne crois pas que le groupe soit dangereux en soi. Si un groupe nous est supérieur, il faut y adhérer de suite ! Si le groupe détient la vérité, on rejoint le groupe.
- Un individu équilibré peut échanger et partager avec le groupe, par contre quelqu'un qui n'est aps responsabvle, qui est "dans le vide" peut être attiré par le groupe qui va lui dire ce qu'il doit faire, penser et dire.
- Il y a des écoles de pensée comme le groupe Octobre constitué d'individualistes forcenés.
- Liliane : Il y a des groupes où on garde son autonomie comme ce groupe-ci. Bruno dit qu'il faut qu'on s'intègre au groupe. Le groupe est abominable, dangereux. Il y a l'exemple maudit des soldats d'Allah, les enrégimentés d'Al Qaida.
- Groupe vient de la racine krek, crochet.
- Hervé : On juge les autres groupes, on les déprécie (Al Qaida), on valorise son propre groupe.
- Liliane : C'est le sectarisme de groupe.
- Hervé : J'ai fait partie du groupe du bain de Mardi Gras...
- François : Un groupe de malades !
- Hervé : On voit comment un groupe constitué juge un autre groupe de manière dévalorisante.
- J'ai expérimenté les deux cas dans un groupe d'anarchistes, trotskistes et maoistes dont le projet était d'abattre l'Etat bourgeois en Allemagne, qui n'avait pas fait le nettoyage des anciens nazis avant 1968. Mais il fallait travailler avec le fisc, il fallait une hiérarchie dans le groupe pour prendre les décisions.
- Patrick : A l'aube de l'humanité, les premiers hommes étaient plus des individus qui subvenaient seuls à leurs besoins. Après, ils ne pouvaient plus se débrouiller tout seuls. On a tous besoin de la société. Le groupe veut transformer la société. Sartre a dit : "L'enfer c'est les autres".
- Le groupe et la société est-ce la même chose ?
Le modèle de la société est nivelé par le bas. La société écrase au nom de ses buts.
- Le groupe commence avec la famille.
L'individu se constitue dans le groupe. C'est parce qu'il est individu qu'il va se poser la question par rapport au groupe.
Il ne peut exister qu'avec le miroir de l'autre. Le groupe permet de se confronter au réel, enrichit la pensée. Il y a un pessimisme très fort par rapport au groupe. Il n'y a aucune raison d'avoir peur du groupe. Selon Rostand, si tu ne te bats pas pour ta cause, tu seras le combattant de la cause des autres.
- C'est l'autre groupe qui est mauvais sinon on serait dedans. On dit qu'Al Qaida est nihiliste, c'est nous. On projette ses défauts sur les autres.
Le libéralisme c'est ce même système grégaire.
- La bande à Bader - Meinhof, on a refusé de leur donner de l'argent, on nous a menacé, un professeur a été obligé de cacher quelqu'un, c'est un groupe très hiérarchisé, on n'en sortait plus.
Le groupe Bauhaus a inventé un nouveau style, il n'avait pas d'idéologie ni de règle stricte. L'école de Nice, Armand, César, Klein, Ben, a fait une exposition en 1961, le nouveau réalisme. I ly a aussi le groupe des échangistes.
- Eve : On n'a pas proposé le mot "association".
- Elisabeth : Le groupe commence à deux.
Le groupe défend des idées.
Je peux rentrer et m'en aller, je n'aime pas être crochetée.
Je m'intéresse à la diversité des groupes.
Les sectes c'est plus des groupes de gens lobotomisés.
- Je ne suis pas d'accord qu la famille est un groupe.
Il faut une initiative personnelle, un but, des idées communes.
- Eve : Il y a une différence entre un attroupement ou une horde, et un groupe.
- Odile : Il faut avoir en soi la conscience et la liberté intérieure.
- Au bain de Carnaval, si vous ne savez pas nager, il vaut mieux rester au bord.
Quelquefois le groupe éjecte les individus dangereux pour lui.
Il faudrait être crétin pour valoriser un groupe où on est menacé.
- Bertrand : Je hais les groupes, les rassemblements, c'est le refuge des fainéants, le cocon de la paralysie de l'esprit. Le défends l'individu, le parcours personnel. Je préfère entrainer les gens avec moi, pas pour faire un groupe.
- Jacques : Ce que disait Patrick à propos de l'aube de l'humanité, ça s'inscrit dans l'évolution de la vie et de la matière en général. On peut dire ça aussi des cellules, aux débuts de la vie il n'y avait que des unicellulaires, des cellules capables de subvenir seules à leurs besoins. Puis elles se sont regroupées, spécialisées, et son devenues interdépendantes, incapables de se débrouiller seules. D'une façon générale la matière s'organise par assemblage d'éléments en structures plus complexes : particules, atomes, molécules, cellules, êtres vivants, sociétés.
- Eve : Il y a des cellules totipotentes.
- Les cellules souches embryonnaires.
- Jacques : Ce sont des "bébés cellules" que l'on peut faire devenir ce qu'on veut.
- Sylvie : Le groupe des cafés philo est un groupe ouvert. On n'est pas dans la situation d'être adhérent.
- Eve : Les cafés philo ont créé une association, une charte. L'association Philia de Bruno n'a pas marché.
- Sylvie : J'ai fait partie d'un groupe politique dont j'ai été exclue, le parti communiste, auquel je tiens beaucoup. Je continue à dire que je suis communiste.
Il y a une différence entre groupe et communauté.
- (...) Le groupe est un tremplin pour l'individu.
Le leader du groupe est admiré, on veut lui ressembler, on va progresser vers lui, on va rentrer en conflit à ce moment là. C'est la naissance du bouc émissaire.
Les mérous naissent tous femelles et deviennent mâles à 7 ans.
Les petits poissons se regroupent en grands bancs pour faire peur aux requins, qu'ils croient que c'est un grand monstre.
- Le groupe est nécessaire pour avancer
- Patrick : L'homme a aussi besoin de solitude pour préserver sa liberté de pensée. (...)
- François : Pourquoi dit-on "hors du groupe poind de salut" ? Les membres du groupe sont jaloux. On veut être à sa place mais on ne peut pas. L'individu est plus réprimé que le groupe.
- C'est pour ça qu'il se joint au groupe pour se défendre.
(...)
- Le parti communiste dès le départ c'est la terreur organisée contre les individus qui pensent différemment.
- Odile : Dans le fonctionnement de l'être humain il y a un système régulateur qui peut détruire un groupe de cellules.
- Je ne suis pas sûr qu'on ait besoin du groupe pour avancer. A quel groupe appartenait Copernic ? Il a fait faire un grand bond à l'humanité.
- Bertrand : Le groupe est commode pour éviter de penser par soi-même. Je préfère faire mon parcours personnel.
Je m'inscris en faux sur la constitution du parti communiste.
Les idées de Karl Marx étaient adaptées à la situation de l'époque en Union Soviétique.
- Je suis d'accord, il ne faut pas s'identifier au groupe. Les valeurs que je défends n'ont rien à voir avec le dogmatisme. Un exemple réussi est Gandhi qui a réuni le peuple indien pour la marche du sel, c'était formidable.
- Ce n'est pas le parti communiste.
- Ce sont des idées communautaires.
- Je ne suis pas d'accord.
- Sylvie : Si je devais fonder un parti...
(Applaudissements)
- ... je proposerai de créer un groupe de sages pour un an et ensuite de le dissoudre. Ca s'appelle le communisme. Ca n'a pas encore été pratiqué.
- Eve : Ce qui fait la force des Etats-Enis c'est la force associative. On peut faire sa petite association.
- Kiko : C'est la force qui nous écrase tous.
- Un exemple de nocivité du groupe, aux Etats-Unis, il y a des gens qui sont d'une confession, ils déménagent dans un quartier où les gens sont d'une autre confession, ils renoncent à leur confession pour prendre la confession du groupe sinon ils sont rejetés par leurs voisins. Je trouve ça infect, enlever à l'individu toute liberté de pensée.
- En france les association se battent entre elles pour obtenir des subventions.
Prochain café philo le 6 mars.