Café philo du samedi 13 juillet 2002 au Voltigeur à Paris
Débat sur un texte de Luc Ferry : Le moment kantien : le beau, le vrai et l'agréable. L'antinomie du goût : la réconciliation du classicisme et du sentimentalisme.
Animé par Marie-Noëlle.
Extraits du texte
Dans la Critique de la faculté de juger, Kant a élevé au rang d'antinomie la querelle qui, depuis plus d'un siècle, opposait le classicisme à l'esthétique de la délicatesse. Derrière les questions manifestes - le Beau est-il l'imitation d'une vérité dévoilée par la raison ou la manifestation subjective des élans ineffables du coeur ? - il a su déceler dans les représentations de la subjectivité sous-jacentes aux deux moments de l'antinomie les raisons profondes pour lesquelles l'esthétique naissante devait finalement les dépasser. (...)
nous jugeons l'expérience esthétique communicable lors même qu'elle ne saurait être fondée sur des concepts scientifiques, lors même que la communication qu'elle induit n'est jamais garantie.
Or c'est là très exactement ce que tendent à nier, chacune à leur manière, la thèse sensualiste et l'antithèse classique qui composent l'antinomie du goût.(...)
Par suite, pour résoudre l'antinomie, "il faudrait s'exprimer ainsi dans la thèse : le jugement de goût ne se fonde pas sur des concepts déterminés ; et dans l'antithèse : le jugement de goût se fonde bien sur un concept, mais sur un concept indéterminé et ainsi, il n'y aurait entre elles aucune contradiction".
Particulier sensible ---activité de la réflexion,jugement réfléchissant---> Universel indéterminé intelligible
(faculté sensible imagination)
(contingent) --> objet Beau accord contingent d'une imagination
libre, non réglée, et pourtant
structurée comme l'exigerait
l'entendement ---finalité indéterminée (sans fin précise)---> Idée de Dieu (dont la réalisation exigerait la synthèse du sensible et de l'intelligible)
(faculté intellectuelle entendement)
Extraits du débat
- Pascal : Ceux qui parlent de la foi disent qu'elle n'est pas transmissible. Ils font du sentiment. Dans ce sentiment il y a une possiblilté de manipulation.
- Christiane : Dans une disputation, une discussion, il y a un élargissement d'objet, chacun va y projeter quelque chose de lui. L'échange intersubjectif grandit l'objet et le sujet.
- Jean : Le goût s'apprend.
- Christiane : Quand on parle, on ne fait jamais rien d'autre que de parler de soi.
- Jacques B. : Quand j'apprécie une oeuvre d'art, j'ai envie de partager mon plaisir mais les autres me disent que ça ne leur plait pas. On a chacun ses goûts.
- Jean : Il est dangereux de rester à l'intérieur de sa cage. Est-ce qu'en changean d'avis j'ai peur de changer de personnalité ? Peut-on changer d'avis en restant soi-même ? On a peur de tomber sous un pouvoir intellectuel. C'est ce qu'on appelle perdre la face. C'est un des plus grands obstacles, la peur de repartir de ce qu'on considère comme un conflit or ce n'est pas un conflit, c'est une divergence. Pirandello : "A chacun sa vérité".
- Pascal : On me demande de mettre de l'eau dans mon vin, seulement mon verre est vide.
En cherchant, négociant des critères communs on aboutit à un système de valeurs commun. Plus il y aura de gens le partageant, plus il y aura de communication. C'est vrai si la communication c'est l'échange où chacun a sa face, sa vérité. Si je collectionne les vérités je vais enrichir ma face. Je vais parler de peur de perdre la face, de perdre des richesses.
La relation n'est pas une question de face, d'accord, de critère ni de valeur.
(...)