Café philo du mercredi 12 juin 2002 au bar des Oiseaux à Nice
Sujet : Faut-il préférer l'excès ou la mesure ?
Animé par Bruno Giuliani
Sujets proposés :
- Est-il souhaitable de dire ce que l'on pense et de faire ce que l'on dit ?
- Faut-il s'abstenir de juger ?
- Faut-il préférer l'excès ou la mesure ?
Résumé du débat
- François : Il n'y a pas de dichotomie.
- Jacques : Un comportement n'est pas excessif ou mesuré en lui-même, il est jugé excessif ou mesuré par rapport aux critères de la personne qui juge, qui dépendent de ses buts dans la vie.
Chacun cherche la meilleure mesure pour atteindre ses buts.
Par exemple, pour quelqu'un qui a pour but de prendre le plus possible de plaisir, le fait de passer son temps à se saoûler apparait comme mesuré, mais pour quelqu'un pour qui le but est de construire quelque chose d'utile, ce comportement est excessif.
- Le but ne peut être que de construire.
- Jacques : C'est de la dictature intellectuelle !
- Bruno : Mais il y a des critères universels.
- Jacques : Non, ce sont des critères sociaux, ceux de la majorité des membres d'une société.
- Bruno : L'adaptation à la vie peut être considéré comme un but universel.
- Jacques : Par la force des choses, les espèces qui ne sont pas adaptées disparaissent et on n'en parle plus.
Mais l'être humain a atteint un niveau de développement qui lui permet de disposer de temps libre après avoir consacré le temps nécessaire pour subvenir à ses besoins.
- Selon les stoïciens, il faut respecter l'ordre.
- Kiko : Depuis qu'on est tout petit, il y a toujours quelqu'un qui nous donne des ordres.
- Bruno : Il y a 2 types d'ordre : l'ordre raisonnable, naturel, et l'ordre déraisonnable, inspiré par la violence.
- Si l'action est soumise à la raison, on est dans la mesure.
- Hervé : Nos actes étant agi, ce n'est pas la raison mais la pulsion inconsciente.
- Notre corps détermine la mesure. Nous ne recherchons que le plaisir. Quand la mesure est dépassée, il y a souffrance. La mesure est agréable. Marx a dit "chacun selon ses besoins".
- Bruno : Ce n'est pas Marx mais les épicuriens qui sont des philosophes de la mesure et non pas des jouisseurs à l'excès.
- Il faut aller trop loin pour savoir où est la limite.
- Est-ce qu'on peut avoir une notion de la mesure si on ne connait pas l'excès ?
- Sylvie : Il faut être excessif, jamais un enfant ne serait né si on n'était pas dans la situation paroxystique de l'amour.
- Bruno : Le paroxysme n'est pas l'excès. L'excès est le dépassement d'une limite. La mesure est incluse dans le paroxysme.
L'excès de manger, de boire, d'amour conduit à la souffrance. La nature détermine les excès.
- François : Un critère non précisé est la temporalité. L'excès d'hier est aujourd'hui la norme. La représentation du monde est erronée.
- Si on supprime les excès, on supprime le progrès.
La mesure est particulière.
- Bruno : Elle est relative.
Il n'y a de progrès qu'en prenant le risque de l'excès.
Voilà pourquoi Nietzche a enseigné l'excès après 2000 ans de platonisme.
La mesure empêche l'évolution.
- La mesure c'est l'âme sûre. La démesure c'est la dème (la maladie) sûre.
- Bruno : L'excès est un désordre temporaire, passage d'un ordre inférieur à un ordre supérieur. Toute régression vient d'un excès. Pierre pose la question qui est la mesure qui peut mesurer la mesure.
- La démesure est pulsion. Oscillation, excessif dans un sens ou l'autre. C'est important la transgression pour trouver un nouvel équilibre.
- Bruno : (...) rester au sommet de son excellence.
(...)
Il faut beaucoup de philosophie pour rester en accord avec la nature.
C'est difficile de faire l'éloge de l'excès. (...)
- La mesure est imposée d'en haut.
- Bruno : La mesure permet d'éviter les 2 extrêmes, l'excès et le manque.
- Est-ce que c'était raisonnable de penser que l'homme pouvait voler ?
(pause)
- Bruno : Comment apprécier la juste mesure ?
Que faire à chaque instant ?
Comment distinguer la bonne mesure ?
Rester fidèle à la mesure conduit à la régression.
Pour Saint Augustin, la mesure de l'amour c'est aimer sans mesure, sans comparaison par rapport à un critère préétabli, renoncer à la mesure.
(...)
- François : Ce qui est contrefait pourrit. Ce qui est pourri incite au dépassement.
- Bruno : Je ne suis pas d'accord avec l'idée que les mots ne veulent rien dire.
(...)
Ceux qui défendent l'excès défendent la barbarie, le désordre, le nihiliste défend la liquidation.
- Paul : Le principe est la notion de vie, assurer la survie et l'évolution. On n'a pas besoin d'aller jusqu'au mur pour savoir où il est. Nous ne sommes pas dans les ténèbres. Il faut s'adapter aux situations nouvelles.
(...)
- François : Il ne faut pas confondre moyenne et médiane.
(...)
- Bruno : La révolution est la remise en cause d'un ordre violent qui s'oppose à la loi de la nature. (...)
Il faut agir non contre l'ordre ancien mais pour l'ordre nouveau : amitié, amour, justice.
- Pour naître l'enfant est obligé de se retourner.
(...)
- Odile : Je suis d'accord avec Sylvie, le propre de l'homme est de vouloir le meilleur.
- Bruno : Il faut éduquer les enfants avec une nouvelle culture.
Je donne ma dmission de l'éducation nationale après avoir essayé de la changer de l'intérieur.
- Sylvie : Il suffirait d'arrêter d'envoyer nos enfants à l'école.
(...)
- François : Les gens sont attirés par les solutions extrêmes.
(...) Les choses ont évolué parce que il y a un siècle des gens se sont battus.
- Bruno : Pierre Rabhi, propositions terre et humanisme, révolution raisonnable.
Roger Garaudy.
(...)
J'arrête l'enseignement qui me paraît stérile pour être dans la philosophie thérapeutique.
- Paul : Docteur veut dire docile.
(...)