Café philo du dimanche 19 octobre 2003 au café des Phares à Paris
Thème : L'être en soi existe-t-il ?
Animé par Sylvie et Gérard
Présentation
Le temps peut nous amener à la négation de la liberté, pose la question de la liberté. Selon le Dalaï Lama, l'enchaînement des causes et des conséquences permet de considérer que le fait qu'il y ait quelque chose en moi qui échappe au temps est une illusion. Est-ce que je peux dire "Je suis" ? Quelle est l'existence de ce je ? Peut-il exister à l'extérieur de cet enchaînement ? Si l'en soi n'existe pas on aboutit à l'idée du néant ou selon Godin à la totalité.
Résumé du débat
- Michel : Le mot exister me pose problème.
- Il faut distinguer les phénomènes et les noumènes.
- Exister vient de ex stari : à l'extérieur. Est-ce qu'on peut définir l'intérieur uniquement par l'extérieur ?
- On peut reformuler le sujet :
- L'être en soi peut-il ne pas exister ?
- L'être par lui-même existe-t-il ?
- Sylvie : L'être en soi c'est l'être qui sort de la chaîne des causes et des effets, qui est sa propre cause. Sommes-nous des attributs de la substance ?
- Jacques V. : Pour Spinoza, Dieu a une infinité d'attributs. Ce qui m'intéresse c'est cette idée d'existence, conscience de l'éternité actuelle de Dieu.
- Sylvie : Pour Spinoza nous ne connaissons que deux modes de l'être de la substance : la pensée et l'étendue.
- N'avons-nous pas une existence qu'à travers notre relation aux autres ?
- Sylvie : La chose en soi se suffit à elle-même. Elle n'a pas de cause hors d'elle. (...)
On a pensé que la conscience peut être de l'en-soi (Descartes). Husserl nous dit qu'il n'y a pas de conscience sans conscience de. Il n'y a pas de conscience qui se suffit à elle-même. "Je pense donc je suis" ne veut rien dire pour Husserl.
- Est-ce que quelqu'un a une aspirine ? Je ne comprends pas l'enjeu.
- Sylvie : L'enjeu est de savoir est-ce que nous sommes ou bien nous existons.
- Qu'est-ce que ça change ?
- Sylvie : Ca change beaucoup. Est-ce que nous sommes dans l'être ou dans l'existence ?
(...)
L'existence subit des mutations, assujettie aux causes et aux effets. L'être est au-delà des mutations.
- Martine : Les affects ne sont que des illusions. L'en-soi pour Sartre c'est de quels actes est faite la vie de quelqu'un.
- Tout se transforme.
- Sylvie : Notre existence a-t-elle pour sens de s'inclure dans l'être ?
- Quel est le fondement ontologique ?
- Christiane : Pourquoi c'est tellement important ? C'est la différence entre les philosophies orientales et occidentales. Il est important de savoir d'où nous venons pour savoir quel sens nous donnons à notre vie. Je sens qu'on parle de la vacuité. La non existence est de l'ordre de la fusion. La question qui est derrière est : pourquoi les philosophies orientales sont-elles celles-la : comment échapper à la souffrance : dire que je ne suis pas. En occident ce qui se développe est l'avènement du je qui prend la maîtrise du monde, le je qui se forme dans le judéo-christianisme, l'altérité, l'être à l'extérieur qui nous a créé. Nous fonctionnons dans l'altérité. Quand ce Dieu s'en va il reste l'altérité.
Dans nos sociétés occidentales exister c'est la capacité de créer, nous substituer à Dieu.
- On cherche à comprendre si on est ou on existe mais ça n'a pas d'importance, on vit. Le problème principal est : à quoi ça sert, comment doit-on remplir sa vie ?
- Gérard : Selon qu'on est ou qu'on existe, qu'est-ce que ça change ?
- Jacques V. : On peut laisser l'être en soi et se concentrer sur l'existence. Est-ce que l'existence d'un tétard est la même que la mienne ? Oui car nous existons tous les deux, non car le degré d'être est différent. Pour Spinoza la joie apporte plus de perfection, la tristesse moins de perfection.
- Ozer : Pour Spinoza il y a 3 niveaux de connaissance :
- Les affects : égocentrisme, proximité
- les rapports : mathématiques, connaissance mais coeur desséché
- L'intuition
- Nous ne sommes pas à la fois notre cause et notre fin. Si nous sommes notre cause nous sommes la cause d'autrui. Nous sommes dans une catégorie de pensée inaccessible.
- Léonard : La conscience de soi aboutit à un soi éternel.
- Etre est un auxiliaire de l'existence comme avoir, mais aussi un attribut. L'être est déterminé par la naissance, le hasard, la période.
- La quête de soi, du graal ... L'idée de l'âme, sorte de substrat, de réflexion sur soi et sur sa vie. La condition première, cette armature de pensée constitue une âme. Dieu n'est que pure conscience de la conscience de soi, alors que notre conscience est conscience de quelque chose.
- Jacques B. : Si l'être en soi existe, on accorde plus d'importance aux choses. Est-ce nécessairement Dieu ? L'être mathématique existe hors du temps et n'a pas de cause hors de lui-même. De plus les lois physique sont des formules mathématiques. L'être mathématique ne serait-il pas le fondement ontologique de l'existence physique ?
- Gérard : On crée des concepts ...
- Jacques B. : On les crée ou on les découvre ?
- Je ne crois pas à l'en-soi. Le choix est limité. Le projet ne dépend que des informations arrivées en nous. L'homme existe depuis peu. La fourmi n'a pas d'en-soi, elle n'existe qu'à travers la fourmilière. Si j'arrive à oublier que j'ai un en-soi j'ai envie d'être non pour soi mais parce qu'on est avec les autres. Tout le monde se met une étiquette ou jette une étiquette aux autres.
- Gérard : Si Dieu est tout, il n'y a aucun espace pour qu'il se crée lui-même. Dieu se serait retiré pour créer ses créatures et les laisser vivre. Pour les hindouistes, la méditation permet de voir le joyau. Pour les ésotéristes, la fine pointe de l'âme est à l'extrémité supérieure du poumon.