Café philo du lundi 17 mai 2004 au Luxembourg à Paris
Sujet : Etre et avoir, quelle différence ?
Animé par Claude
Sujets proposés
- La guerre est-elle un fléau ou remplit-elle une fonction ?
- Etre et avoir, quelle différence ?
- Y a-t-il des périodes propices pour tout dire ?
- On ne fait pas ce qu'on veut, heureusement
Extraits du débat
- Si l'être existe c'est parce qu'on a reçu des acquis. Philosophiquement, je pense qu'il n'y a pas tellement de différence.
- Etre ne se situe pas dans le temps. Avoir, on accumule, il y a une mémoire.
- Olivier : Nous n'avons rien. Les maisons nous possèdent.
- Jacques B. : C'est une question métaphysique. L'être est indifférencié, l'avoir est différentié.
- Anne : Ce n'est pas une antinomie, c'est une complémentarité. Il faut avoir la possibilité de renouveler l'avoir qui permet d'être.
- Ozer : Je pense la même chose. Vouloir résister, contrôler la vie, persévérer.
- Robert : Le pouvoir c'est l'argent.
- Claude : La civilisation occidentale est dans l'avoir, la civilisation orientale dans l'être.
- Olivier : Plutôt que "Je pense donc je suis", Descartes aurait dû dire "Ca pense, est-ce que c'est ?".
- Jacques : Il y a une continuité entre l'avoir et l'être.
- Nathalie : Transcendance ou l'avoir ramené à quelque chose d'horizontal.
- Anne : La verticale, l'horizontale, le point d'intersection, là est l'être. Je pense donc je suis signifie je connais mes limites.
- Olivier : Le langage permet les 2 solutions : "il a du talent" ou "il est talentueux". C'est une différence de point de vue. Quand on utilise "avoir" on est dans une relation de domination. Quand on utilise le verbe "être" on se situe dans la relation existentielle. (...) Les hommes d'affaires chinois sont vachement dans l'avoir. La philosophie hindoue me paraît inférieure à la philosophie occidentale chrétienne.
- Jacques B. : On peut se poser la question par rapport à soi même. On dit souvent qu'il faut être soi-même, "deviens ce que tu es" (Nietzsche) Ca pose la question de l'authenticité, qui est une question métaphysique. Appartient-on à soi ou à la société ? Ca dépend du type de société. 2 extrêmes, anarchie et dictature.
- L'orient s'occidentalise.
- Olivier : La pensée est dans l'avoir, non dans l'être.
( Pause )
- Robert : La loi de la nature est l'entredévorement. L'appartenance est un esclavage. Quand on possède beaucoup on en est esclave. On est possédé par ce qu'on possède.
- Anne : C'est facile d'être à soi seul non confronté aux difficultés du monde. "Je me mets à part". L'écrivain façonne le monde comme il veut. Il y a un bon emploi de l'avoir, savoir se déposséder, la réussite familiale... Le degré de conscience fait que je suis mais ça ne m'empêche pas d'être dans l'avoir. Il est important de risquer pour avoir. Supervielle : "oublieuse mémoire". Le "je suis" qui me met en lévitation, je m'en méfie.
- Raymond : On n'a parlé que des êtres humains, mais il y a les animaux.
- Jacques B. : L'avoir entraîne la compétition, contrairement à l'être.
- Myriam : Oublier le matériel, être dans une forme de totale impermanence. Pouvoir être dans l'avoir... mais être dans l'être c'est pouvoir s'en détacher.
- Anne : Il s'agit de vocation. L'être spirituel, je ne suis pas dedans. Je me retrouve en prison comme l'étranger de Camus et je fais avec. Je m’accommode de ce qui m'échoit. Etre empêché et faire avec. Je suis, ça veut dire je suis présent, je suis présent à la situation, je fais face.
- Robert : Il ne faut pas être envieux.
- Myriam : J'aime bien l'image de la mer : les vagues s'agitent à la surface. L'être c'est le fond de la mer qui est immuable. Arnaud Desjardins.
- Anne : Non pas avoir des biens matériels mais avoir vécu et avoir eu le savoir, les influences, les relations sentimentales.
- Robert : La plupart des gens, plus ils possèdent, plus ils se sentent être.
- Raymond : Etre c'est avoir vécu bien intégré.