Café philo du mardi 6 février 2001 au Bar des Oiseaux à Nice
Thème : La dépendance
Animé par Eve Depardieu

Annonce : colloque Sciences de l'homme et société en juillet 2001 au Palais des Festivals de Cannes, organisé par Culture en mouvement Différences dans la civilisation, interculturalité.

L'Allemagne à l'honneur, présentation de 3 livres de 3 auteurs berlinois.

Autre thème proposé : Suite au colloque mondial des cafés philo à Castres : Démosophie, sagesse du peuple.

"Ce qui apparait nouveau contrairement aux dialogues socratiques de l'antiquité qui ne concernaient qu'un ou deux interlocuteurs à la fois, contrairement à la (...) du moyen-age qui voyait se succéder de longs monologues contradictoires, c'est l'utilisation de procédures et de processus démocratiques de gestion de la parole dans un grand groupe couplé avec exigence intellectuelle de problématsiation qui atteint à douter des croyances, de conceptualisation de savoir de quoi l'on parle, d'argumentation, de savoir si ce que l'on dit est vrai, bref le défi socratique de philosopher avec la foule, le moment d'un retour réussi dans la caverne, une démosophie à relayer dans chaque café à chaque séance."

Pour certains ce pari démosophique est impossible car ils pensent que la vérité ne sortira jamais d'une confrontation d'opinions et dans un café philo il ne s'échange que de l'opinion.

Pour d'autres, dans un café philo on est au seuil de la pensée, là ou l'opinion en se confrontant à l'opinion de l'autre prend conscience de son inconsistance et de son exigence de fondement. C'est la démarche socratique des premiers dialogues de Platon.

Pour d'autres enfin dans un café philo on arrive à dépasser l'opinion dans la dynamique même du conflit.

Vote :

• La dépendance : 18
• La démosophie : 6

Thème choisi : la dépendance.

On parle toujouirs de guerre d'indépendance, pour arriver à obtenir son indépendance il faut lutter, on parle de se battre, de gagner son indépendance. Avec en arrière fond le grand problème de la liberté, et une réflexion sur la dépendance que créent certaines substances. Avez-vous un questionnement à poser ou une définition à donner de cette notion ?

Résumé du débat

• Dépendance et finition ?

• François : L'indépendance, la liberté, on en parle toujours, on ne la voit jamais. La dépendance est partout. L'indépendance est de l'ordre de l'idéal, la dépendance est de l'ordre du réel.

• Patrick : Le bébé ne peut pas se nourrir seul, il a besoin de sa mère. Quand il grandit, il devient indépendant.

• L'indépendance c'est choisir les dépendances auxquelles on veut se soumettre.

• La dépendance vient de tout ce qui est mécanique. L'humain a la faculté de la conscience qui lui donne la faculté de vouloir s'évader. C'est la dualité entre l'esprit et le corps.

• Kiko : On s'organise pour dépendre de structures politiques.

• Christian : L'histoire de l'évolution biologique est l'histoire de l'émancipation. Le comble de l'indépendance est la créativité artistique et philosophique.

• Avant, on était indépendant par rapport au temps. Le temps était vécu au lieu d'être conceptualisé. On est plus dépendant qu'avant.

• On est toujours dépendant de ses parents.

• Patrick : On devient indépendant de ses parents pour tomber dans d'autres dépendances : celles de la société, l'emploi, le travail. On a envie d'être indépendant mais on ne peut pas ne pas être dépendant.

• On a besoin de l'autre et on souffre de cette dépendance.

• Dépend-anse : la dépendance nous porte. On est toujours dépendant. Même sur une île déserte on est dépendant de la terre. OIl faut être conscient que tout est interdépendant. La liberté c'est le choix de ses dépendances.

• Eve : Choisir ses dépendance c'est aller vers certaines dépendances et en abandonner d'autres.

• Rosane : Les marins du Vendée Globe sont-ils dépendants ou indépendants ? Ils ont agi en indépendants pour être dépendants d'une passion qui les anime.

• On a besoin de règles.

• Autonomie, interdépendance.

• Eve : L'autonomie c'est la capacité de se donner ses propres règles. Elles peuvent être établies par la société, ou par soi-même ce qui crée un conflit. La différence entre l'indépendance et l'autonomie, c'est que l'indépendance c'est ne dépendre de rien.

• Il y a d'autres façons de réaliser ses rèves que de faire la course. On est plus indépendant seul que quand on fait une course.

• Le sportif vit du regard des autres. Est-ce que le regard des autres n'empêche pas l'indépendance ?

• Eve : Les philosophes ont dit que la sensation mène à des illusions et non à la vérité. Maintenant il y a un renversement, on dit que c'est l'intellect qui nous met dans la dépendance.

• Kiko : Les rapports humains sont déréglés.

• Jacques : Le renversement n'est pas une question d'époque mais une différence entre l'approche scientifique, intellectuelle, et l'approche religieuse. Dans les sectes on entend souvent dire qu'on doit renoncer à la compréhension intellectuelle. Je me méfie de ce genre de discours. [Ne réfléchissez pas trop, vous pourriez comprendre que ce que nous disons est absurde, contentez-vous de croire.] Même si l'intellect a des limitations, il a l'avantage de nous permettre de comprendre en profondeur les vérités complexes auxquelles il nous permet d'accéder, en les décomposant en vérités plus simples, évidentes, assemblées par des règles de raisonnement. C'est la démarche axiomatique des mathématiciens. En cas de désaccord, on peut comparer les raisnnements et trouver où exactement se situe le désaccord. L'alternative, c'est les émotions, la foi... On ne peut pas savoir si c'est quelque chose d'authentique. Je reste persuadé que l'intellect est un moyen d'indépendance plus qu'une dépendance.

• Eve : Selon la critique de la raison au 19ème siècle, faire de la raison un absolu n'est pas la solution la meilleure. Ce renversement simpliste ne tient pas. Quand on analyse ses émotions, c'est l'intellect, la mémoire.

• On définit l'indépendance comme vue de l'esprit, idéal. Tendre vers l'indépendance c'est analyser nos dépendances.

• On ne peut passer d'un stade à un autre que si on est affranchi. On cherche mais quand on trouve on ne sait plus où on est. On passe du zéro à l'infini. Jouxte avec liberté.

• Affranchissement est de la même racine que franchir.

• L'indépendance c'est dépendre de tout, le Wu Wei chinois.

• Philippe : J'ai l'impression qu'on trouve la dépendance toujours bonne. Je ne suis pas d'accord. On dit que l'indépendance est impossible. Je ne suis pas d'accord non plus.

• Patrick : Mon existence est toujours liée à la dépendance à la matière. Notre conscience dépend de notre cerveau donc de la matière.

• Ce qui est important c'est l'autonomie.

• François : Il n'est pas nécessaire de balayer le bien et le mal. C'est l'idéal. Il y a des gens qui aiment la servitude.

• Alain : L'indépendance a trait à la réflexion.

• La dépendance n'est pas forcément mauvaise. L'homme dépend de l'oxygène. Il y a aussi des indépendances néfastes, par exemple celle de l'Algérie. Le peuple algérien n'était pas mûr pour l'indépendance. La colonisation ce n'est pas mieux. Il aurait fallu que les algériens aient les mêmes droits que les français.

• Christophe : L'indépendance d'une nation peut être pire que la dépendance. La création nécessite la maitrise d'une technique, un matériel.

• Les capacités du tout dépassent celles des parties. Les parties ont un rôle dans le fonctionnement du tout.

• Lydia : La liberté n'existe pas mais on a le sentiment de liberté si on agit sous des dépendances qui nous exaltent, qu'on aime.

• François : Ce qu'on gagne en indépendance, on le gagne aussi en dépendance. On ne peut avancer en indépendance qu'en ayant de nouvelles dépendances.

• Selon la théorie holographique, l'élément représente le tout et le tout est compris dans l'élément.

• Les cellules ont été obligées de s'agglomérer pour former un être humain.

Vote pour le thème du 6 mars

• 1 Devient-on philosophe en philosophant ?
• 12 Dessein ou destin ?
• 5 La démosophie
• (refusé) L'internationale
• 13 Thème choisi : La différence entre intelligence et raison
• 6 Est-ce que les certitudes rendent aveugle ?
• 8 Quel est le problème fondamental de la philosophie ?