Café philo du mardi 30 décembre 2003 à la Contrescarpe à Paris
Sujet proposé par Jacques B. : Que doit-on avoir en commun pour vivre ensemble ?
Vote du sujet
- 5 Jacques B. : Que doit-on avoir en commun pour vivre ensemble ?
- Alain : Que serait l'an 01 de la philosophie ?
- 1 Marc : Pour aller où on ne sait pas il faut passer par où on ne sait pas
- 1 Serge : Comment lire un texte philosophique ?
- 2 Armelle : On le soupçonnait depuis Caïn et Abel, l'enfer c'est la famille.
- 1 Serge : A quand les enfants dans les cafés philo ?
- 1 Alain : Y a-t-il une place pour le désordre dans la philosophie ?
Extraits du débat
- Serge : "Que doit-on", est-ce que c'est de l'ordre du devoir ?
"avoir", c'est la possession. "en commun", la communauté; je ne suis pas sûr qu'on puisse avoir quelque chose en commun. Vivre ensemble dans une cité, une sphère, une famille, une culture, une clôture.
On peut vivre sans vivre ensemble.
- Claudine : On a un noyau dur sur lequel on ne transige pas.
- Alain : La juxtaposition de cultures qui n'ont rien en commun ne peut pas exister. On n'a rien à se dire.
- Armelle : Les couples mixtes ne marchent pas.
- Marc : On doit avoir des intérêts et des valeurs communes. Selon Hobbes, on doit abandonner sa liberté pour la paix civile. Selon Locke c'est un contrat social. Il y a un intérêt commun à ce que le groupe social soit fort.
- Raymond : Il y a une précision qui manque : combien de temps doit-on vivre ensemble ?
- Jacques B. : Quand on demande "Que doit-on" c'est par rapport à un but. S'agit-il de cohabiter sans se taper dessus ou de construire quelque chose en commun ? Si on n'a pas en commun ce qu'il faut pour vivre ensemble, vaut-il mieux se changer ou vivre séparément ? Si on doit partager les mêmes valeurs, un état qui impose des valeurs n'est-il pas totalitaire ?
- Serge : Soi-même, on est un ensemble.
- Michel V. : Dans les couples et les petites communautés, ce n'est pas grave. Au niveau des états c'est plus important. La confédération helvétique est un état artificiel avec plusieurs langues mais ça marche. En Inde, les hindouistes et les musulmans ont formé des états séparés.
- Nanou : Dans un couple il faut avoir en commun l'amour qui permet d'accepter les différences de l'autre qui s'atténuent parce qu'on veut lui faire plaisir. Dans la société il faut certaines règles et beaucoup de tolérance. Il faudrait rétablir les leçons de morale.
- Alain : Le problème se pose différemment selon qu'on s'est choisi ou non. On ne peut pas réduire les valeurs à des opinions. Les valeurs sont des choses plus fondamentales que les opinions. Les valeurs sont nécessaires pour avoir des règles de vie commune. Elles sont non négociables. La laïcité, c'est mieux que d'imposer une religion d'état.
- Claudine : On est amené à légiférer pour calmer le conflit.
- Jacques : Le système moderne exploite les ouvriers. Le capitalisme nous asservit. L'évolution se produit parfois par sauts.
- Jacques B. : Parfois on choisit de vivre avec quelqu'un puis on veut le transformer. Ca arrive dans les couples et dans la société. On a fait venir de nombreux musulmans et on veut leur faire abandonner leurs traditions. Les critères de pudeur font-ils partie de ce qui n'est pas négociable ? Le sens du mot laïcité a dévié : initialement c'était le fait que l'état ne s'occupe pas des questions de religion. Ca prend le sens d'exclure la religion de l'état. La laïcité n'est-elle pas le nouveau nom du racisme ? Il y a un consensus pour condamner le racisme mais malheureusement cette tendance continue à exister chez beaucoup de personnes, et ce concept de laïcité, qui fait l'objet d'un large consensus, permet à cette tendance raciste de s'exprimer de façon acceptée socialement. L'idée selon laquelle il faudrait être tous semblables pour vivre ensemble s'apparente au racisme.
- Farid : Il y a une différence entre le totalitarisme et la liberté totale. Il faut un minimum de choses communes pour pouvoir vivre ensemble. En Inde, les anglais ont dressé les communautés les unes contre les autres. Il faut de la tolérance.
- Marc : L'histoire crée des valeurs communes acceptées comme valables par le plus grand nombre. Elles ne sont pas imposées. L'important est que la majorité les accepte. Elles ne sont aps arbitraires, elles sont issues de l'histoire, de croyances communes. C'est mieux que de vivre séparés. "Moi contre mon frère, moi et ma famille contre le chef du village, le village contre le village voisin..." La volonté de vivre ensemble fait qu'on passe sur ces inconvénients. La France est le pays des droits de l'homme et de la St Barthélémy. Y a-t-il une obligation d'aimer ?
- Raymond : Vivre ensemble au niveau individuel : conscient et inconscient sont condamnés à vivre ensemble.
- Enza : Nos maîtres sont plus Montaigne et Descartes que Lucrèce et Epicure. L'individu est plus en exergue qu'avant. Est-il nécessaire de vivre en couple aujourd'hui ? L'argent fout en l'air les rapports.
- Bernard : Le contrat social est-il contraint ou librement choisi ?
- Gilles : L'école n'est pas obligatoire, c'est seulement l'éducation qui est obligatoire, on peut prendre un précepteur.
- Jacques : Il ne faut pas imposer sa culture aux autres pays.
- Serge : C'est un mouvement naturel d'avoir des choses en commun.
- Michel V. : Je trouve beaucoup d'intérêt dans la différence. Je préfère les contacts avec des gens d'une autre culture. Je crains la perte des différences, l'homogénéisation.
- Alain : Je ne veux pas qu'on me considère comme chrétien, il n'y a pas de raison de considérer les arabes comme musulmans. Le débat sur la laïcité existe aussi dans les pays arabes. Chacun doit reconnaître ses différences, ses vérités à soi.
- Gilles R. : Moins vous êtes, plus vous avez, d'autant plus est votre vie altérée.