Café philo du mercredi 20 juin 2001 au Malevitch à Paris
Qu'est-ce qui constitue la continuité de l'être ?
Résumé du débat
Tour de table
- Christophe : Beaucoup avaient voté mais pas dans le sens que j'avais entendu.
On a parlé de l'intérêt à s'ouvrir aux autres.
La meilleure façon est d'intérioriser les notions émises et se les appliquer.
Qu'est-ce qui fait la pertinence de notre individualité si une révélation peut la transformer ?
J'ai l'impression de vivre véritablement depuis 2 ans.
Je suis totalement différent de ce que j'étais avant.
Si ce qui constitue l'être c'est sa mémoire, je n'aurais pas pu changer autant.
Comment peut se transmettre sa personnalité dans un groupe ?
- L'être est-il unique ou multiple ?
La continuité dans le temps : Quand on descend en durée à partir de quel moment peut-on dire qu'on est le même ?
- Notre être peut se modifier tout au long de notre vie.
L'éducation constitue le noyau dur de notre être.
- Jacques : Il y a une continuité relative, non absolue, qui peut évoluer.
- Claude : C'est la prise de conscience de notre environnement,
qu'est-ce qu'on peut apporter à l'autre ?
- Ca me fait penser au parapluie du père Gaspard, qui le change complètement pièce par pièce,
mais c'est toujours le parapluie du père Gaspard.
La continuité est administrative.
Il y a aussi la programmation génétique.
- Qu'est-ce qui fait que je reconnais que le garçon de 8 ans que j'étais,
c'était moi ? La mémoire y est pour beaucoup. Je suis seul à avoir ces souvenirs.
Je ferme un dossier et j'en ouvre un autre.
Je n'efface pas tout.
Qu'est-ce qui me rassure sur le fait que c'est toujours moi ?
Ca me fait penser à certains films où le héros se réveille dans un pays inconnu.
Les repères sociaux, affectifs, les parents ajoutent beaucoup à ma continuité. (...)
- Roland : Je suis consterné, l'énoncé est ahurissant. L'être, c'est Dieu, ce n'est pas soi.
- C'est une interprétation arbitraire.
- Lisa : Une crise peut embrayer sur une autre idée meilleure.
Quels choix faire ?
Quelquefois on a l'impression d'avoir une nouvelle idée, qui n'est pas nouvelle.
(...)
- Christophe : Je suis d'accord, la mémoire a une place prépondérente.
Ce qui m'intéresse, le plus important est ce qu'on peut capter du monde,
la façon dont on interagit.
Un homme qui n'est pas en contact avec les autres devient sauvage. (...)
- Serge : On n'est pas seul au monde, il y a les autres êtres.
Il y a une multiplicité d'êtres.
Où commence l'environnement ? La peau, les os ?
(...)
- Roland : Je revendique le droit d'être schizophrène.
Quelquefois un homme est plus différent de lui-même que des autres.
On nous inflige une identité, une mise en carte.
Ce qui fait la continuité, c'est la volonté de continuer.
- Jacques : La notion de perception de l'environnement est importante car c'est de cette perception que vient notre conscience d'exister en tant qu'être.
Mais si on considère notre être et son environnement comme deux systèmes matériels en intéraction,
il y a une symétrie. Pourquoi y aurait-il une dissymétrie au niveau de la conscience ? Pourquoi est-ce moi qui suis conscient de mon environnement et non l'inverse ?
Pour pousser plus loin l'idée de Serge, je verrais des niveaux imbriqués.
Considérons l'exemple de quelqu'un qui roule en voiture.
Au niveau le plus grossier, il dira : moi c'est la voiture et mon corps, l'environnement commence à la route.
A un niveau plus précis, il dira : moi c'est mon corps, la voiture fait partie de l'environnement.
A un niveau encore plus précis : moi c'est le cerveau, le corps fait partie de l'environnement.
Ensuite on atteint le niveau des neurones et là il n'y a plus unité mais multiplicité.
On peut continuer avec les molécules, les atomes, les particules...
et on peut imaginer que cette décomposition de structures d'organisation de la matière puisse se poursuivre à l'infini.
[Il y aurait ainsi toujours un intérieur pour percevoir son environnement extérieur]
Toute théorie physique ne serait qu'une approximation valable à un certain niveau.
Nous ne serions donc pas des machines.
L'esprit pourrait se situer à la limite de cette plongée infinie dans les profondeurs de la matière.
(...)
- Myriam : Je ne pense pas qu'il y ait deux personnes élevées de façon identique.
Une personne qui change copmplètement de métier, d'identité, à l'interieur d'elle avait déja ces tendances.
- Georges : La continuité peut signifier le contraire de la rupture ou de l'arrêt,
l'être le contraire du paraitre ou de l'action.
(...)
Quand on analyse un ordinateur on arrive aussi au niveau des molécules.
(...)
- Jacques : Il y a une différence importante entre l'ordinateur et le cerveau :
l'ordinateur est digital et le cerveau est analogique.
Le fonctionnement digital de l'ordinateur a pour effet de supprimer les effets des perturbations.
Il est parfaitement modélisable à un niveau donné, celui des transistors.
Par contre le cerveau fonctionne de façon analogique. Chaque neurone reçoit des
influx d'un certain nombre d'autres neurones, et si le total dépasse un certain
seuil, il envoie un influx. S'il se trouve très près du seuil, la trajectoire
d'une seule particule peut déterminer cet influx. Or cette trajectoire est soumise
aux lois de la physique quantique qui apparaissent comme indéterminées, cet indéterminisme
étant interprété soit comme du hasard pur, soit comme un détermininsme sous-jacent,
soit comme des ramifications de mondes multiples.
- Georges : L'ordinateur aussi utilise les lois physiques, il essaie de copier
ce qui se passe dans le cerveau.
- Christophe : Est-ce que le cerveau peut comprendre son propre fonctionnement,
se voir de dessus ?
- Il y a là une contradiction, c'est comme le théorème de Gödel.
(...)
- Serge : Qu'est-ce qui se passerait si on avait un temps de vie infini ?
- Est-ce que ce sont des questions que ça ne vaut pas la peine de se poser ?
- Ceux qui survivent, ce sont ceux qui s'adaptent.
- On peut être le tout comme le rien.
- Il faut prendre des risques. L'évolution se fait dans le désordre.
(...)
Choix du prochain sujet
- 3 Michel : L'ordinateur peut-il avoir une conscience ?
- 4 Jacques : Quelles sont les conditions d'existence de la conscience ?
- 9, 5 Raymond : L'inutile est-il utile ?
- 6 Michel : Peut-on écouter sans juger ?
- 2 Roland : Un ordinateur peut-il être aussi bête qu'un homme ?
- 5 Serge : L'humain est-il un être responsable ?
- 9, 10 Sujet choisi : La liberté est-elle un objectif en soi ?
- 3 Serge : Faut-il s'adapter à l'environnement ?
- 9, 2 Peut-on juger sans écouter ?