Café philo du lundi 22 septembre 2003 au Select à Paris
L'entendement - Objets et concepts selon Platon et Aristote
Présentation d'Olivier
Pour Platon tout objet se dédouble en objet concret et idée.
Parménide a dit que la notion d'être est commune à tout ce qui est.
Une question évidente est celle à laquelle on ne peut donner de réponse.
Pour Platon, entre l'objet et le concept, le plus réel est le concept. Les stylos qui existe sont des représentations imparfaite d'un stylo idéal qui n'a aucun défaut.
Dans notre intelligence il y aurait un duplicata idéal du monde sensible. Toutes les idées ont un point commun : la perfection.
Pour Aristote, l'idéal, on ne le voit pas, on ne peut que l'imaginer. Ce n'est pas le concept qui est le plus important, c'est l'objet réel. Tous les objets sont faits de matière et de forme. La forme est ce qui informe, le plan, la conception. La substance est ce qui fait que l'objet est ce qu'il est, ce qu'on appelle aujourd'hui l'essence.
Selon Diogène, le concept de poulet est un poulet déplumé.
Quand Copernic a découvert que c'est la Terre qui tournait autour du soleil, Newton a retrouvé par le calcul à partir de sa théorie de la gravitation l'équation de l'ellipse que Kepler a pu observer avec son téléscope.
Ceux comme Platon pour qui les concepts sont réels sont appelés réalistes. Aristote était naturaliste. Pour les nominalistes, un mot n'est qu'un mot.
Je verrais 3 domaines : le monde sensible, le monde intelligible des idées, et la conscience qui vient de la relation entre le monde sensible et le monde intelligible.
La Terre sait-elle qu'elle doit décrire une ellipse ou est-ce par hasard ?
Références:
- Etienne Gilson, ëtre et essence
- Thomas d'Aquin, De la vérité et de l'esprit
- Russell, Histoire des idées philosophiques
- Heidegger, Introduction à la métaphysique
Débat
- Claudine : Le rapport objet - concept est-il égal au raooprt signifié - signifiant ?
- On a découvert des mathématiques déconnectées de la réalité, les géométries non euclidiennes.
- L'eidos est la forme d'une chose dans l'esprit.
- Jacques D. : Le vivant n'est pas seulement l'homme. Dans la réalité il n'y a pas de système clos. La possibilité de conceptualisation est partagée par tous les animaux. Tous les êtres vivants ont la notion de proie et de prédateur. L'homme a en plus la notion d'abstraction, imaginer des objets mathématiques qui ne sont pas dans la nature : le carré, le rond.
Alain Connes pense, contrairement à Changeux, que les objets mathématiques existent hors de l'imagination de l'homme.
- Lydia : Platon était utopiste, Aristote matérialiste, pragmatiste.
- Jacques B. : Les concepts sont-ils réels, est-ce la bonne question ? Si la notion de réel était claire, la réponse ne devrait-elle pas être évidente ? On pourrait renverser le problème : poser à priori une réponse, et il en découlerait une définition plus précise. Mais les définitions ne sont pas arbitraires : on associe les mots aux notions les plus importantes, ce qui fait intervenir un jugement de valeur subjectif qui dépend de la psychologie de chacun, qui dépend elle-même de son vécu.
Si les calculs rejoignent l'observation, c'est peut-être parce que l'univers est de nature mathématique, une théorie mathématique que nous percevons.
Le monde est prévisible, il y a des régularités, il est comme le développement d'un germe plus petit, il est compressible.
Il y a une infinité de théories mathématiques, et il y en a plusieurs qui sont compatibles avec ce que nous percevons; on peut considérer que nous vivons dans toutes ces théories à la fois. Parmi toutes ces théories, celles où l'évolution future obéit à des lois simples sont plus nombreuses, donc une telle évolution est plus probable.
C'est pourquoi on observe des lois simples comme les ellipses des planètes. Mais ces ellipses sont dans le domaine d'un modèle du réel construit par l'homme, et qui n'est qu'une approximation. La science progresse par approximations successives du réel, qui ne l'atteindront peut-être jamais, et c'est peut-être là que se trouve l'esprit, dans le fait qu'on ne peut pas enfermer le réel tans une théorie finie, qu'il y a toujours quelque chose qui échappe à la mécanicité.
- Serge : Ca mène à la confusion. Le dialogue est important pour trouver ce qui permet à la cité de continuer à vivre.
- Christian de B. : Le lieu de croisement entre le ciel des dieux et la terre des hommes, prise en compte de l'existence de l'âme dans l'homme, dualité qui va se développer par le biais d'un questionnement sur soi et avec autrui qui va mettre en question l'essentialité et la notion d'accidentabilité. Nous sommes toujours dans cette problématique du lien individu - univers. Selon Socrate, l'homme n'est que par le divin qui l'a fait naître.
- Claudine : Les dieux ne s'occupent pas des hommes, c'est ce qui est à l'origine de l'amitié.
- Christian de B. : Dans le domaine de l'eidos, idée forme de l'objet dans l'esprit, on fonctionne sur le mode raisonner = anticiper. On pouvait être reconnu fou et porteur de sagesse à la fois. Nous ne sommes pas dans un univers clos mais ouvert sur le mode de la connexion, capacité à anticiper. Il y a une différence entre réalité sociale et philosophique. Le réel est ce qui n'est pas mesurable, vers quoi on veut s'accrocher mais on n'en a pas le moyen. L'esprit, noos, pensée, est de l'ordre de l'invisible qui nous échappe. Les concepts nous enferment, nous enlisent, dans le monde physique du phénoménal.
- Olivier : Pourquoi le monde, la pensée et les idées correspondent ?
- Christian de B. : L'homme naît par le divin. La création de l'homme à l'image de Dieu dans l'invisible, dans la pensée.
- Michel : Quand on est d'accord sur les concepts, le dialogue est possible, on peut raisonner.
- Christian de B. : On peut développer la notion d'existence du divin en soi. On peut passer au-delà de cette explication rationnelle insuffisante pour appréhender la notion de divinité.
- Jacques D. : La physique quantique, peut-être que Dieu l'a créée. Les systèmes critiques auto-organisés ne sont pas dans le sensible. La croyance est propre à l'homme.
- Claudine : Il y a un présupposé métaphysique : le réel est ce qui se mesure, ce qui est logique.
- Jacques D. : Non, le réel inclut le matériel et l'immatériel.
- Christian de B. : Le passage de la philosophie à la théologie se fait par une conversion.
La réalité c'est les phénomène, le sensible. Le réel est ce qui est incommensurable.
- Jacques D. : Le big bang est une rupture de symétrie.
Ce n'est pas le réel qui est voilé, c'est nous qui sommes myopes.