Café philo du mercredi 28 mars 2001 au Bar des oiseaux à Nice
Animé par Bruno Giuliani
Thème : La certitude
Résumé du débat
(...)
Bruno : Il y a des degrès de certitude, le degré ultime étant le dogme.
La certitude est rassurante, elle donne l'impression d'exister.
C'est difficile de se remettre en cause.
Ne serait-ce pas plutôt le fait d'être rassuré qui conduit à la certitude ?
Il y a des valeurs sur lesquelles je ne reviendrai jamais, comme la condamnation
du racisme, le fait que nous naissons tous libres et égaux en droits.
Je vous montrerai, en dehors de ce débat, que c'est faux.
Il y a la certitude de la mort.
Bruno : J'ai la certitude que nous sommes tous éternels. Ce serait trop compliqué à
expliquer ici, je l'ai expliqué dans mon livre "L'amour de la sagesse".
Il n'y a pas de certitude objective. Toute certitude est subjective.
Il y a des certitudes non raisonnées.
Il faut définir les notions de foi et d'intuition.
La foi est la certitude non raisonnée.
L'intuition est liée à un ressenti personnel, c'est une certitude qu'on ne peut pas imposer
aux autres. Mon intuition est plus forte que ma certitude.
Etymologiquement la foi c'est la confiance.
L'intuition c'est ce qu'on a en soi.
Bruno : Ma certitude que nous sommes tous éternels est une intuition spinoziste,
non pas cartésienne.
L'intuition est accompagnée d'émotion, de sentiment.
Jacques : Je me méfie de la notion de certitude de la foi dans la religion,
je soupçonne que ce soit un moyen de manipuler les gens, car en faisant appel à la raison,
on ne peut pas prouver les dogmes des religions.
Bruno : Il faut faire une distinction entre la certitude aveugle des religions
et la vraie certitude qui conduit à la joie.
Jacques : Je pense que la certitude aveugle peut aussi conduire à la joie.
Elisabeth : Je ne relie pas la foi à la religion. C'est être en accord avec moi-même.
C'est orgueilleux d'être serein. Je ne veux pas être dans cet orgueil.
Avoir des certitudes c'est comme être un surhomme. Nous devons dépasser des barrières.
Les religions et les croyances amènent l'homme vers des certitudes.
Bruno : Comment la certitude peut-elle être basée sur l'intuition ?
La société nous éduque à faire semblant de respecter les autres.
Le courage méritoire n'existe pas.
Le plus fort aux échecs profite des autres.
Odile : L'intuition n'est pas contradictoire avec la raison.
Il faut vérifier ses intuitions avec sa raison.
Bruno : Selon Spinoza, Descartes, Bergson, nous avons la capacité de connaitre les
idées vraies.
Je vois que le soleil tourne...
Bruno : L'intuition est vraie. La déduction que le soleil tourne est fausse.
Je me méfie de tout ce qui se passe dans les stades.
L'émotion fanatique ratisse large, passe par l'instinct, non par le cerveau.
L'inconscient est tout ce qui sous-tend notre intelligence.
Quand cette intelligence accède à la conscience, on a une intuition.
Tu as défini un désir.
L'intuition est la connaissance immédiate directe sans médiation.
L'intuition intellectuelle définie par Spinoza et Bergson pose un problème.
Kant critique la raison. Kant rejette la possibilité de l'intuition intellectuelle.
L'intuition est le produit du cerveau droit.
Les ondes alpha rendent réceptif à des intuitions.
Les enfants jusqu'à 7 ans sont en ondes alpha.
Les adultes sontr en ondes beta.
Les cerveaux de haut niveau pensent autant dans la logique du cerveau gauche que du cerveau droit.
Bruno : Il y a le rationnel global holistique, total, l'intuition,
et le rationnel analytique, partiel et partial.
Einstein a eu une intuition intellectuelle quand il a eu l'idée de la relativité.
(pause)
Bruno : Je vous signale que je passerai sur France Culture le 12 avril à 15 heures
dans une émission sur la sagesse.
(suite du débat)
Bruno : Il y a la certitude qui aveugle et celle qui éclaire.
Jacques : Ne ne suis pas sûr qu'Einstein ait eu une intuition intellectuelle
avec la relativité, j'ai plutôt l'impression qu'il a rejeté l'intuition que nous avons
du temps et de l'espace séparés. La théorie de la relativité était déja contenu potentiellement
dans les formules de l'électromagnétisme de Maxwell. Il y a une situation similaire
avec la théorie de la physique quantique : l'équation de Schrödinger décrit
la fonction d'onde qui représente la probabilité de
présence d'une particule en un point de l'espace. Mais avec plusieurs particules, on n'a pas
une fonction d'onde par particule, mais une fonction d'ondes unique qui représente
la probabilité des différents états du système de particules. L'équation de Schrödinger
contient donc potentiellement l'idée des mondes multiples d'Everett.
L'intuition est un puzzle.
L'intuition n'est pas un préjugé.
Je discute avec les autres, je pose le problème autour de moi.
Chaque avis est une pièce du puzzle.
Je suis confrontée à mon inconscient.
Les pièces du puzzle s'assemblent grçace à l'intuition.
L'évidence évite la danse.
Je propose l'opposé d'aveugler qui est désiller.
Selon Bouddha, la vérité est ce qui est utile.
La certitude est intéressante si elle est utile.
Bruno : Les émotions ne trompent jamais. Ce qui trompe c'est le jugement.
Quand vous avez peur, vous ne vous trompez pas sur le fait que vous avez peur,
mais vous allez croire que la personne est dangereuse, ce qui est faux.
Paul : Quand on est dans la croyance, on est dans l'illusion et on fait tout pour
qu'elle devienne la réalité.
Prochain sujet pour le 24 avril
L'émotion ne ment jamais ?
Tout effort est-il combat ?
A-t-on besoin d'une religion ?
Est-ce que les humains peuvent dépasser les relations de pouvoir ?
L'amitié entre les hommes est-elle possible ?
Comment ne pas faire semblant en public ?
Sujet choisi : La fonction thérapeutique de la philosophie
Peut-on être psychothérapeute sans relation à Dieu ?
Livres conseillés par l'animateur
Marcel Condre, Le sens de la philosophie. Passera jeudi sur France Culture à 15 h.