Café philo du dimanche 17 juin 2001 à Paris
Le bonheur, est-ce si important ?
Extraits résumés du débat
- J'ai pensé que le bonheur était important, mais finalement
il y a peut-etre quelque chose de plus important, comme
faire quelque chose pour les autres, l'humanité.
- Qui augmente sa conscience augmente sa douleur.
- C'est important mais l'homme ne parait pas destiné au bonheur.
- Pascal : La liberté, ce n'est pas faire ce qu'on veut. Ne pas confondre liberté et libéralité.
- Monique : Oui, le bonheur est important.
- Il est difficile d'en donner une définition générale, il est différent pour chacun de nous.
C'est un pur ressenti.
Certains sont doués pour toujours ou ne jamais se sentir heureux.
Il y en a qui aiment être malheureux.
- L'animateur : ne pas confondre universalité et généralité.
L'universalité c'est la transcendance, l'essence.
La généralité c'est un principe générique.
- Jacques B. : Faire quelque chose pour les autres, n'est-ce pas les rendre heureux ?
- Nadia : Il faut avoir le potentiel du bonheur.
- Selon Stuart Mill, mieux vaut être un Socrate malheureux qu'un imbécile heureux.
- Il y a une opposition entre bonheur et liberté.
- Jacques : Le bonheur est durable, ce n'est pas le plaisir qui est éphémère.
Il est total, ce n'est pas la joie partielle.
Ce n'est pas la béatitude transcendante.
Le bonheur humain est l'accord entre nos tendances, la sagesse.
- Il y a une lutte entre bonheur et liberté.
- Jacques : Je n'accepte pas l'idée que le bonheur d'un imbécile soit moins méritoire.
La réponse à la question posée a été donnée au vote : une majorité de participants trouvent que le
bonheur est important.
"Si nous étions heureux, nous ne ferions pas de philosophie".
Ce qui est important, c'est l'aspiration au bonheur.
Tout etre vivant aspire à l'homéostasie, la quiétude.
Certains ne veulent pas etre libre pour ne pas avoir de responsabilités qui leur pèsent dessus.
- Pascal :
On a la manie de conjuquer à la forme pronominale : s'accepter, s'assumer,
j'ai même entendu "se vivre"...
Ca vient de la psychologie.
Ca signifie qu'être heureux vient par l'effort.
Le bonheur vient par la compréhension.
On ne poursuit pas le vrai, on écarte le faux.
Conquérir c'est prendre des risques.
Ce n'est pas quelque chose qu'on doit rechercher. Ce mot a 2 sens : réclamer et travailler.
On ne peut pas etre heureux en étant divisé.
- Si on a zéro conscience en quoi peut-on être heureux ?
Le bonheur est indéfinissable.
- Il faut faire la différence entre faire progresser l'humanité et faire son bonheur.
- Jacques B. : Si on nie la multiplicité de sa personnalité c'est une dictature intérieure
qui risque de déboucher sur une révolution intérieure, un effondrement nerveux.
Pour etre heureux il n'est pas nécessaire d'avoir une personnalité monobloc, il
faut que les différentes tendances de sa personnalité coexistent en bonne harmonie.
Certains sont plus doués au départ pour etre heureux, mais il y a aussi une conquete, un travail sur soi
qui permettent d'etre plus heureux.
L'opposition bonheur / liberté est intéressante, et je ferai un rapprochement avec
l'idée selon laquelle certains peuvent etre heureux en toutes circonstances.
Ceux qui ne sont heureux que dans certaines circontances bien précises ne sont pas libres
car ils sont enfermés dans ces circonstances. Ceux qui réussissent à trouver du bonheur
en toutes circonstances sont libres. C'est l'idéal.
Il y a un paradoxe à avoir d'autres buts que le bonheur, car atteindre ses buts
rend heureux. Le bonheur est donc par définition le but de la vie.
Il faut se méfier des faux buts (ou des faux moyens) qu'on veut nous inculquer.
- Farid : Le bonheur, ça peut s'apprendre.
- L'animateur : La connaissance est indispensable au bonheur.
- Pierre : Le bonheur est un état d'âme, la réalisation d'un équilibre mental et moral.
- Monique : Certains n'ont pas dans le cerveau les neuromédiateurs qui rendent heureux.
- Ce qui me gêne c'est la volonté de normer le bonheur : on doit..., il faut...
Quand l'imbécile dit qu'il est heureux, il est heureux.
- L'animateur : C'est un impératif kantien.
- Nadia : Il faut rentrer dans une dynamique pour conditionner l'esprit vers un bonheur.
- Le progrès ne contribue pas au bonheur.
"L'évangile selon les papous" : ils étaient heureux, on a cassé ce bonheur en voulant les évangéliser.
Je viens d'Algérie. Ici en France on intellectualise tout, ça empêche de se sentir bien.
On canalise les émotions.
- Le bonheur est un travail sur soi.
- Pierre : Il y a trop de souffrance pour que le bonheur, qui doit être stable, soit possible.
- Pascal : Quand on est conscient qu'on est heureux, on n'est déja plus heureux,
on se sépare du bonheur, il y a déja une inquiétude.
Ne pas confondre être heureux et être bien dans sa peau, qui est de l'égoïsme, cause de malheur.
Pourquoi doit-on être malheureux parce que des gens souffrent ?
On peut sentir la souffrance.
Ca veut dire que je me plie à une morale, à des règles, je triche.
Le problème avec le devoir d'amour est que je ne sais pas aimer.
- On ne peut définir ni le bonheur ni la souffrance de façon universelle.